Diffusé le 27 juillet, le rapport annuel de la Maritime Accident Investigation Branch, le BEAmer britannique, a fait la une de la Lloyd’s List le 5 septembre. Le quotidien britannique faisant écho aux préoccupations de la Chambre maritime (britannique; organisation des armateurs installés au Royaume-Uni) suscités par la réduction des moyens de la MAIB.
Factuellement, Steve Clinch, directeur de la MAIB, souligne que 2011 a été une année de « défi » pour son organisation. Comme toutes les autres administrations, elle a dû apporter sa contribution à l’effort national pour la réduction du déficit. Son budget a été baissé de 18 % par rapport à celui de 2010. En conséquence, le nombre d’inspecteurs est passé de 16 à 12. L’ensemble du personnel a suivi la même tendance passant de 39 à 33 salariés. « L’enthousiasme et l’implication de mon équipe sont restés intacts. […] Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma gratitude et mon respect pour les efforts qu’ils ont réalisés pour relever les défis qui s’imposaient à notre organisation », souligne son directeur.
Des rapports plus nombreux
Comme prévu, la mise en œuvre de la directive européenne 2009/18 (qui devait être transposée au plus tard le 17 juin 2011; ndlr) a entraîné une augmentation du nombre de rapports de 71 %: 29 en 2011 contre 17 en 2010, souligne Steve Clinch. Mais ce qui peut donner la meilleure idée de la charge de travail de la MAIB est le nombre d’enquêtes ouvertes en 2011, estime son directeur: 43 contre 23 en 2010. « Cela n’aurait pas pu être absorbé, même avant la réduction des effectifs, si la MAIB n’avait pas mis en place une nouvelle façon de travailler. » Concrètement, cela veut dire qu’il y a maintenant deux types de rapports: les complets et volumineux pour les cas les plus graves et les « allégés » pour les événements moins sévères. Ainsi, le contact viril entre un quai de Calais et le ferry Pride-of-Calais, en octobre 2011 ne nécessite-t-il « que » douze pages pour expliquer comment le navire a perdu l’usage de ses trois lignes d’arbre à la suite d’une fuite d’huile sur les compresseurs d’air qui ainsi n’arrivaient plus à maintenir la pression nécessaire aux embrayeurs. La gestion de « crise » a été jugée perfectible.
Selon la Lloyd’s List, le syndicat des armateurs britanniques, s’est dit préoccupé par la réduction des moyens de la MAIB et donc des capacités d’expertise. Le Nautilus International (syndicat de navigants) a écrit au ministre pour attirer son attention sur la probable impossibilité pour la MAIB de faire face à sa charge de travail.
Le ministre britannique a assuré qu’il n’y aurait pas de réduction de budget supplémentaire.
Les conséquences du naufrage du Braer semblent donc s’estomper dans la mémoire des politiques britanniques. Patience, l’hiver revient.
BEAmer: tout va bien
Malgré la mise en œuvre de la même directive européenne, le rapport 2011 du BEAmer français est, à bien des égards, différent de celui de la MAIB: le nombre d’accidents pris en compte a baissé, passant de 49 en 2010 à 46. Mais seules 14 enquêtes techniques après accidents ont été ouvertes dont six concernent directement un navire de charge ou un transporteur de passagers à l’international. Les navires de pêche représentent 70 % des 46 cas. 24 des 32 investigations préliminaires ont directement concerné la pêche.
Comme l’a précisé son ancien directeur en juillet dernier, les suites réservées aux recommandations émises par le BEA ne sont pas publiques. Mais à la pêche, « le caractère récurrent d’un certain nombre de facteurs d’accidents (veille, pratiques professionnelles, situations d’urgence, formation, etc.) a conduit le BEAmer en 2011 à récapituler, à partir des rapports publiés au cours des dernières années, ses recommandations ».