Conflit social des dockers de la côte Est

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Tous les six ans, depuis 1977, chaque renégociation des conditions de travail s’est terminée dans la concorde. Cette année, à moins d’un mois de l’expiration du contrat le 30 septembre, c’est l’impasse. La grève se profile, ce serait inédit depuis quarante-cinq ans. Un cauchemar logistique se profile à trois mois de Noël. Faute de ports en fonctionnement, les armateurs se rabattraient sur la côte Ouest ou plus au sud, dans le golfe du Mexique. Les compagnies ferroviaires et les ports de la côte Ouest se préparent déjà, selon un édito du Lloyd’s de juin dernier, à pallier le manque de débouchés.

Info ou intox? « Les négociations ont cessé le 22 août, détaille au Journal de la Marine Marchande le porte-parole de l’ILA James McNamara. L’USMX a refusé de donner sa dernière offre. Elle a eu la main lourde et s’est montrée très agressive. Nos 200 délégués se sont réunis. » De cette réunion il est sorti que l’option la plus probable aujourd’hui est une grève à partir du 1er octobre. « On ne veut pas que ça arrive. On sait ce qu’une grève signifie pour les travailleurs. Mais nous protégeons les intérêts de nos membres en priorité. »

Les ports « les plus chers du monde »

Qu’est-ce qui bloque? Dans un tabloïd, le New York Post, James Capo, porte-parole de l’USMX soutient que la réglementation actuelle permet aux dockers d’être payés 24 heures par jour en ne travaillant quelques heures effectives. Elle s’applique uniquement dans les deux États de New York et du New Jersey, centre névralgique du syndicalisme portuaire américain. Ces règles, toujours selon James Capo, font des ports de New York et du New Jersey les ports « les plus chers du monde ». Le journal ajoute que des syndiqués privilégiés « ont des liens familiaux avec la pègre de la côte Est ». Réponse de James McNamara: « Cet article biaisé provient d’un journal anti-syndicats. Il appartient à un patron corrompu, Rupert Murdoch: on ne s’attendait pas à autre chose de sa part. »

Dans un communiqué daté du 30 août, l’USMX s’estime la seule à lâcher du lest sur les exigences des syndicats, notamment sur les questions de l’automatisation du travail. L’ILA accepte davantage d’automatisation tant qu’elle ne supprime aucun poste sur les docks. L’USMX estime en revanche que les syndicats ne remettent en cause aucun de leurs acquis sociaux, provoquant un déficit de compétitivité chronique des ports de la côte Est.

Ne pas dramatiser

Interrogé sur la conséquence d’une grève, l’armateur CGC-CMA dédramatise. Lindsay Enders, du service importation du bureau du New Jersey: « Nous n’avons eu aucune information d’une possible grève pour l’instant. » Même s’il en est question dans le Lloyd’s depuis plusieurs mois, elle répond que « ce genre de menaces arrive chaque année à la même période. Nous ne sommes pas inquiets ». La menace est pourtant palpable. Les importateurs américains n’ont pas oublié la grève qui a touché la côte Ouest des États-Unis, il y a dix ans. L’association des gros détaillants américains, la National Retail Federation (NRF), a envoyé une lettre aux deux parties les pressant de « trouver une issue avant la date fatidique », avant qu’elle ne soit obligée « de détourner ses cargos ailleurs. C’est une question de jours ». Les lettres datent de juin. « Un échec des négociations, prévient le président de la NRF Matthew Shay, conduirait à une rupture de la chaîne de distribution qui pourrait sérieusement endommager l’économie américaine. » L’USMX et l’ILA ont jusqu’au 30 septembre pour trouver une solution.

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