Le rapport publié par la Banque Mondiale en juillet dresse un tableau de l’économie générale du Cameroun tout en développant un aspect particulier du pays: les facilitations du commerce international. Prenant en compte son indice de performance logistique (LPI, Logistics Performance Index) et l’indice sur la capacité au commerce (ETI), le Cameroun se situe à la 118e place sur 132 pays. L’étude de la Banque Mondiale préconise trois volets d’action pour donner une nouvelle dynamique commerciale internationale au pays. Elle suggère d’intervenir sur les temps de passage portuaire, les structures du transport routier intérieur et la nécessité de créer une union douanière au niveau de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).
En premier lieu, l’efficacité portuaire est un élément déterminant dans la capacité d’un pays à entrer dans le concert du commerce international. Cette efficacité se mesure à l’aune du temps d’attente d’une marchandise sur le port. Selon les derniers chiffres donnés par la Banque Mondiale, le temps moyen d’un conteneur pour sortir du port de Douala est de 18,6 jours contre 4 jours à Durban ou 11 jours à Mombasa. La moyenne des ports internationaux se situe aux alentours de 3 à 4 jours. Trois facteurs entrent en ligne de compte, généralement, dans ce délai: les opérations physiques au terminal, les opérations de douane et les conditions de retrait des boîtes par les destinataires. Le Cameroun a concentré ses efforts sur l’amélioration de l’efficacité de ses services douaniers en introduisant un système informatique et un guichet unique. Dans le port de Douala, le temps écoulé entre l’arrivée du navire et la déclaration en douane, d’une part, et, d’autre part, le temps entre le paiement des droits et la sortie du conteneur entrent pour les trois quarts du temps d’attente du conteneur. Le temps pris par les douanes pour réaliser les formalités entre pour un quart du temps. « Une approche des réformes se concentrant uniquement sur les services de douane ne suffit pas. Il est nécessaire d’impliquer toutes les opérations depuis le port jusqu’à la destination finale », souligne l’auteur du rapport de la Banque Mondiale. Il faut se pencher désormais sur la documentation nécessaire par les différents acteurs de la suply chain. Si, en 2007, le gouvernement a mis en place le Guce (Guichet unique du commerce extérieur), son implantation est toujours en cours. En 2012, il est prévu qu’entre en fonction le document unique dématérialisé.
Un système routier inefficace
L’autre préoccupation de la Banque Mondiale dans la capacité du Cameroun à s’affirmer dans le concert du commerce international touche les infrastructures de transport intérieures. Le Cameroun a peu investi dans son système routier. Si les relations avec les pays voisins sont rendues faciles pendant la saison sèche, il en est tout autrement dès l’arrivée de la saison des pluies. Ainsi, le Cameroun pourrait accroître son trafic avec son voisin le Nigeria mais l’état des routes est trop incertain. Le peu d’investissement réalisé a permis de développer les relations commerciales, mais le routier reste cher. Ce mode de transport est encore plus cher qu’en France, en Chine, au Brésil ou au Pakistan. Un état de fait qui tient, selon la Banque Mondiale, à la difficulté de faire rencontrer l’offre et la demande. Les camions attendent de longues périodes aux extrémités des corridors. De plus, ils ne sont pas toujours réglés de leur voyage. Une raison qui explique que les opérateurs routiers font payer aux chargeurs l’inefficacité du système routier. L’un des points essentiel de ce dossier du système routier vise l’inflation des réglementations routières. Des ententes entre le Cameroun et ses pays voisins prévoient des partages de capacité pour le transport des produits sur les corridors. « Le système protège les opérateurs routiers plus qu’il ne fait entrer de la concurrence », souligne l’étude qui continue sur la nécessité de réformer le système du transport routier localement en allant plus loin que la libéralisation vers la transformation du secteur sur des critères de qualité de la prestation.
Enfin, l’étude appelle les pays de la Cemac à entrer dans une véritable union douanière pour y développer le commerce. Les relations commerciales entre les pays de la région n’entrent que pour 5 %, quand il est de 8 % en Afrique de l’Ouest et de 10 % en Afrique du Sud. Pour devenir effectif, cette union douanière passera par une tarification uniforme, des règles communes et un système de paiement efficace et régional unique.