Entre 2005 et 2011, les particules générées par l’usage du Diesel (DPM) par toutes les activités portuaires ont été réduites de 71 % pour atteindre 258 tonnes métriques. Les particules 2,5 (de 2,5 microns de diamètre qui entrent profondément dans le système respiratoire) ont reculé de 69 % à 258 t; celle de 10, de 71 % à 287 t; les NOx de 51 % à 7 989 t; et les SOx de 76 % à 1 287 t.
Le volumineux rapport fourni par la Port of Los Angeles Authority (Pola) détaille les origines de ces polluants. 10 000 EVP manipulés ont produit 11,84 t de NOx en chute de 54 % entre 2005 et 2011. Dans le même temps, le trafic portuaire est passé de 7,5 MEVP à 7,9 MEVP (+ 6 %), mais le nombre total d’escales a chuté de 17 %, tous types de navires confondus, pour atteindre les 2 072; et de 7 % pour les porte-conteneurs (1 376).
Les navires océaniques arrivent en tête pour l’importance des émissions polluantes: particules Diesel 148 t (− 69 %); PM2,5, 153 t (− 67 %); PM10, 174 t (− 69 %); NOx, 3 821 t (− 30 %); SOx, 1 275 t (− 75 %).
Le rapport souligne les importantes réductions de vitesse qui ont été rendues obligatoires dans la bande des 24 nautiques ainsi que les restrictions d’usage du fuel lourd. La prise en compte de leurs émissions commence à plus de 40 nautiques des limites des bassins portuaires.
Les camions et autres engins de manutention (hors portiques) arrivent en 2e position pour les NOx (1 406 t, en chute de 78 %).
La 3e position pour les NOx est occupée par les locomotives avec 1 052 t; en recul de 39 %.
Les remorqueurs et autres navires de servitude ont émis 831 t de NOx, en baisse de 33 %.
En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre (qui préoccupent généralement peu l’opinion publique américaine), exprimées en équivalent CO2, l’ensemble des activités portuaires de Los Angeles en a produit 847 311 t (− 19 %).
Les trois quarts du chemin ont été parcourus
Par rapport aux objectifs que se sont fixés les deux ports voisins et concurrents de Los Angeles et de San Francisco, dans le cadre du San Pedro Bay Ports Clean Air Action Plan (CAAP), les résultats actuels de Los Angeles sont (presque) ceux qui devraient être atteints en 2014: à savoir, par rapport à 2005, une baisse de 72 % des émissions de particules. De 22 % pour les NOx et de 93 % pour les SOx. Pour 2023, ils sont de, respectivement, 77 %, 59 % et 93 %.
Les facteurs de risques sanitaires, principalement liés aux particules, doivent être réduits de 80 % vers 2020 par rapport à ce qu’ils étaient en 2005. Les trois quarts du chemin ont donc été parcourus.
Le rapport présenté par la Pola, mais réalisé par Starcrest Consulting Group, met en perspective les émissions portuaires par rapport à celles des activités terrestres qui n’ont rien avoir avec le port. Ainsi, pour les SOx, les activités portuaires représentent plus de 25 % du total émis en 2005 et 9 % en 2011. La part relative des particules est passée d’un peu plus de 5 % à 3 % en 2011.
Parmi les innombrables tableaux du rapport figure celui qui indique les émissions polluantes par grandes catégories de navires fréquentant le port ainsi que les émissions durant les différentes phases de conduite des navires.
Très clairement, ce sont les porte-conteneurs de 5 000 EVP et ceux de 6 000 EVP qui ont le plus « pollué » en 2011 (sans précision sur leur nombre): aux alentours de 30 t pour les PM10; 27 t pour les PM2,5; 28 t pour les DPM; 654 t pour les NOx et 190 t pour les SOx.
Suivent les porte-conteneurs de 4 000 EVP, puis ceux de 8 000 EVP. Les paquebots ferment le peloton de tête avec 15,3 t de PM10 et autant de DPM; 13,8 t de PM2,5; 427,5 t de NOx et 97,8 t SOx.
Sans surprise en 2011, la phase de transit a été la plus « polluante » avec une production de 1 887 t de NOx (dont 1 505 t. par le moteur principal), de 625 t. de SOx et 78 292 t d’équivalent CO2.
Le passage à quai arrive en 2e position pour les NOx (1 421 t dont 1 272 t produites par les auxiliaires) et les SOx (557 t dont 330 t générées par les chaudières) mais il caracole en tête pour le CO2 avec presque 131 400 t dont 67 880 t produites par les chaudières.
L’avance prise par les ports californiens en matière de suivi chiffré de leurs émissions mériterait bien un colloque en France.
3 000 t de particules « portuaires »: RAS en France
« Les préoccupations sanitaires les plus fortes portent aujourd’hui sur les particules les plus fines », souligne le bilan de la qualité de l’air en France en 2011 publié il y a quelques jours. À fin 2010, l’étude financée par le ministère de l’Environnement portant sur les émissions de gaz à effet de serre, de polluants et autres particules générés par les activités des sept grands ports maritimes, a fait le point sur les volumes produits annuellement: CO2, environ 1,27 Mt; NOx, env. 26 000 t; SOx, env. 16 000 t. et particules, env. 3 000 t. Ce qui représente par rapport à toutes les émissions du secteur des transports en France, respectivement, 0,9 %, 3,7 % et 2,7 %. Le bilan de la qualité de l’air en 2011 ne contient aucune information sur les émissions de polluants liées à l’activité portuaire. Il est simplement indiqué qu’en 2010, les PM10 ont atteint les 367 kt et que les « autres transports » (hors transport routier) ont représenté 2 % du total, loin derrière le transport routier (17 %) et encore plus loin derrière l’industrie manufacturière (33 %). Interrogé le 8 août sur le suivi des polluants atmosphériques dans les principaux ports français, le ministère de l’Écologie a renvoyé sur celui des Transports qui a, après recherche, répondu qu’il n’y a pas de suivi au moins au niveau central. Et peut-être pas trop au niveau local si l’on en juge par les informations disponibles sur le site internet du Grand port maritime du Havre: le 10 août, le bilan global des émissions des seuls engins de manutention disponible était celui de 2007. Le droit à l’information du public passe, toujours selon le site, par une demande écrite formulée en français et « à condition que la quantité d’information demandée ne soit pas excessive ».