Début juillet, la Commission européenne et la haute représentante de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ont tracé « la voie à suivre pour un engagement constructif en Arctique ». Dans cette région, la combinaison d’un recul de la banquise et de progrès technologiques ouvre de nouvelles perspectives économiques, notamment pour la navigation, l’industrie minière, la production d’énergie et la pêche. Bien que bénéfiques pour l’économie mondiale, ces activités demandent une approche durable car le non-respect de normes environnementales strictes pourrait avoir des répercussions négatives sur cette région fragile. La stratégie adoptée par la Commission le 3 juillet prévoit des actions contribuant à la recherche et au développement en Arctique, ainsi qu’à la promotion de technologies respectueuses de l’environnement susceptibles d’être utilisées pour des transports maritimes et des exploitations minières durables. Cette stratégie constitue une nouvelle étape de la démarche lancée en 2008 pour une politique de l’UE en Arctique. Cette dernière, selon Bruxelles, « s’insère dans la politique maritime intégrée de l’UE, qui vise à coordonner les politiques européennes ayant une dimension maritime, afin de garantir un environnement durable et la qualité de vie dans les régions côtières tout en facilitant la croissance des industries maritimes ». La Commission rappelle que les états membres de l’UE possèdent la première flotte marchande du monde et un grand nombre de ces navires empruntent des routes transocéaniques.
Développement d’une navigation commerciale
La fonte de la glace de mer ouvre des possibilités de navigation sur des routes traversant l’Arctique. La durée des traversées entre l’Europe et le Pacifique pourrait se raccourcir considérablement, permettre des économies d’énergies et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, il subsiste des obstacles de taille à la circulation en Arctique même avec l’accélération du recul de la banquise, note la Commission. La glace flottante demeure une réalité tout comme l’absence d’infrastructures et les incertitudes concernant les courants d’échanges de marchandises à moyen terme. « Le développement d’une navigation commerciale arctique demandera donc du temps et des efforts », souligne la Commission européenne.
Il est dans l’intérêt de l’UE d’étudier et d’améliorer les conditions de l’introduction progressive de la navigation commerciale en Arctique, tout en préconisant des normes en matière de sécurité, en lien avec les dispositions de l’Organisation maritime internationale (OMI) et de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS). L’UE doit aussi défendre le principe de la liberté de navigation et de droit de passage sur les routes et les zones récemment ouvertes. Pour l’exploitation des ressources d’hydrocarbures de l’Arctique, la Commission relève que « ces réserves pourraient contribuer à accroître la sécurité d’approvisionnement de l’UE ». L’exploitation en sera lente, car elle présente des défis importants, et d’un coût élevé en raison des conditions difficiles et des risques pour l’environnement. L’ambition est ici de maintenir l’avance dont disposent les états membres dans les technologies d’exploitation durable des ressources dans des conditions polaires.
Les liens entre l’UE et l’Arctique
Bruxelles rappelle que « même si l’UE n’a pas de littoral sur l’océan arctique, elle est liée à la région arctique par une combinaison d’éléments historiques, géographiques, économiques et scientifiques. » Trois états membres, le Danemark, la Finlande et la Suède, possèdent des territoires en Arctique. Deux autres états, l’Islande et la Norvège, appartiennent à l’Espace économique européen. Depuis 2008, Bruxelles est membre observateur du Conseil de l’Arctique. Une décision relative à son adhésion à ce Conseil devrait être prise lors d’une réunion prévue en mai 2013. Les membres du Conseil de l’Arctique sont le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Fédération de Russie, la Suède et les États-Unis. Ces éléments auxquels s’ajoutent les droits et obligations de l’UE en droit international, son engagement en faveur de politiques relatives à l’environnement et au climat, ses activités de recherche et ses intérêts économiques, notamment pour le transport maritime et l’exploitation des ressources naturelles, expliquent pourquoi l’UE entend bâtir une politique pour la région arctique.