CNTPA: un défilé de dockers, pas une manifestation

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« Mes chers patrons, je vous le dis, nous n’avons pas pris goût au défilé, rassurez-vous », a commencé Franck Gonsse, secrétaire général national de la CNTPA lors de convention organisée à Dunkerque le 15 juin. La journée a commencé avec un défilé dans les rues de la ville septentrionale. Le souvenir des heures sombres du port de Dunkerque 20 ans plus tôt aurait pu planer sur ce rassemblement, mais les ouvriers du port ont préféré une sorte de « carnaval à la dunkerquoise » pour ce défilé. Outre les représentants du port du Nord, des ouvriers de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane mais aussi de Saint-Nazaire et de Marseille se sont joints à la parade.

Tous se sont ensuite retrouvés à la CCI pour une convention sur les 20 ans du syndicat. Honneur émouvant de Roger Gouvart à son fils Bernard, lequel créera le syndicat de la scission avec la CGT. « Son leitmotiv est de faire des accords à deux en regardant l’économie des ports », a rappelé Franck Gonsse. Quand Roger Gouvart est venu rappeler qu’en « 1992, les dockers ont été critiqués par les bourgeois de Dunkerque qui se faisaient du pognon sur leur dos. Ce fut la révolution quand est arrivée l’heure de la mensualisation ». Et le père du créateur du syndicat se rappelle les heures passées à la mairie de Capelle-la-Grande pour établir les statuts du syndicat.

Un changement dans l’approche syndicale

Les 20 ans de la CNTPA ont surtout été l’occasion pour les opérateurs dunkerquois de constater le changement dans l’approche syndicale des ouvriers dockers de la place. « Il vaut mieux être franc devant les travailleurs portuaires, et, de temps à autre, leur dire qu’il vaut mieux avoir 50 % de quelque chose que 100 % de rien. Je n’invente rien, ce sont les paroles de Bernard Gouvart », a rappelé Franck Gonsse. Les opérateurs portuaires ont bien compris la position du syndicat. Francis Leroux, directeur d’Europipe, a souligné que, depuis 1992, « les actions menées par le syndicat ont été bénéfiques pour le port ». Au final, le groupe a produit 24 400 km de tubes que les dockers ont chargés, soit plus de deux millions de tubes. Francis Leroux a reconnu que « parfois nous avons des coups de gueule, mais nous finissons toujours par discuter ».

Nicolas Marraud Des Grottes, le président de Banamart, groupement de producteurs de bananes en Martinique, est venu raconter sa rencontre avec Bernard Gouvart en 1997. Les grèves à répétition au port du Havre amènent les producteurs de bananes des Antilles à chercher une nouvelle porte d’entrée. Ils choisissent Dunkerque avec, en contre­partie, de ne jamais prendre leur production en otage. « En 15 ans, les engagements ont été tenus. Nous ne pouvons que souhaiter que partout en France règne le même climat qu’à Dunkerque, même dans nos ports », a souligné le patron de Banamart. Un climat social serein qui offre aux armateurs une fiabilité et une confiance. Nicolas Sartini, directeur central exécutif du groupe CMA CGM, l’a souligné. Le groupe qui s’est d’abord désengagé de la manutention du port est revenu en 2010 en reprenant 91 % du Terminal des Flandres. Il y développe ses activités avec d’une part la banane antillaise, mais d’autres trafics fruitiers comme ceux en provenance du Maroc, et bientôt du Costa Rica. L’installation d’une nouvelle ligne en provenance d’Asie avec des navires de 14 000 EVP et d’une ligne sur l’Inde et le Moyen-Orient, « témoignent de notre confiance et de notre volonté de développer la place dunkerquoise », a noté Nicolas Sartini.

L’objectif voulu par Bernard Gouvart d’un nouveau syndicalisme portuaire a été un pari difficile. « Beaucoup de personnes ont agi au cours des négociations. En 20 ans, nous avons connu des évolutions technologiques, sociales, économiques, avec la disparition d’entreprises, mais, tout au long de ces années et à tout moment, nous avons toujours voulu trouver des solutions. Si le dialogue a été parfois musclé, il s’est toujours déroulé dans un respect mutuel », a indiqué Frédéric Barra, directeur général de Barra SNM. Un dialogue qui a aussi permis à Dunkerque d’avoir toujours un coup d’avance. Dès 1999, le port, le syndicat et Sea Invest se lancent dans une nouvelle aventure, celle des terminaux à commandement unifié sur le terminal à pondéreux. En 2001, c’est au tour du terminal à conteneurs d’avoir un opérateur unifié, dont l’actionnaire majoritaire sera successivement, IFB, AP Moller Mærsk et CMA CGM. Et pour fêter les 20 ans de la CNTPA, Olivier Marceron, directeur de Sea Invest France, est venu annoncer un record européen à Dunkerque en juin 2012: avoir déchargé 79 200 t d’un navire en 24 heures.

« Ce coup d’avance, il faut le garder », a plaidé Jo Dairin, maire adjoint de Dunkerque en charge des questions portuaires. Hervé Ronchon, directeur du Terminal des Flandres et président du Spem (syndicat des employeurs de maind’œuvre), a souligné que la fiabilité demeure. À l’occasion de cet anniversaire, il a signé, avec Franck Gonsse, l’accord départemental conclu dans le cadre de la CCN Ports et Manutention pour l’emploi et les rémunérations des personnels dockers dans le département du Nord.

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