Les pirates se sont installés dans le détroit de Malacca au début des années 1990. « C’était la fin de la guerre froide, explique Éric Frécon, chargé d’études au Centre d’enseignement supérieur de la marine, il y avait moins de bâtiments américains et russes qui patrouillaient dans ces zones et, parallèlement, on vivait un boom économique qui se traduisait par un doublement du trafic maritime. » Pas moins de 94 000 navires passent chaque année au large de l’archipel des Riau. Des hommes ont donc décidé d’y prélever leur part.
Mais après le boom de cette piraterie au début des années 2000, la tendance s’est inversée depuis trois ans suite aux efforts des États riverains du détroit pour réduire les attaques. Cependant, Éric Frécon est plus circonspect. Les attaques ont, selon lui, repris dans le détroit de Singapour où elles sont passées l’an dernier de 2 à 11, et en mer de Chine où elles ont bondi de 0 à 30. « Et elles repartent aussi sur d’autres zones. »
En dehors des efforts militaires menés contre eux, les pirates se sont de leur côté assagis, se sont mariés, ont eu des enfants… et quelques difficultés à assumer leur « métier » auprès de leur belle-famille. Beaucoup sont alors rentrés dans le rang et ont repris leurs activités antérieures de bateau-taxi, de pêche ou de transport. Certains sont même entrés à l’école de la marine marchande.
Aujourd’hui, leurs espoirs d’une vie paisible sont déçus. Du fait du poids de leurs dettes ou de la crise, ou encore de la nostalgie de l’argent facile, certains des pirates repentis reviennent à leurs anciennes activités. « Mais l’épicentre s’est déplacé à l’Est », observe Éric Frécon, plus vers la mer de Chine.