La situation des ports espagnols est particulière dans la mesure où les investissements sont financés essentiellement par leurs propres ressources. Cependant, les investissements sont autorisés par Puertos del Estado, et présentés dans le programme d’investissements publics de l’État. Lors de son intervention devant les députés, le président de Puertos del Estado, José Llorca, a indiqué la nécessité d’améliorer la rentabilité du système portuaire espagnol dans son ensemble. Celle-ci est en effet « plombée fondamentalement par l’endettement croissant de nos ports ». Le passif global des 28 autorités portuaires (AP) est passé de 600 M€ en 2004 à 2,94 Md€ en 2011. La rentabilité du système portuaire espagnol dans son ensemble a été de 1,48 % en 2011, loin des 2,5 % fixés par la loi portuaire.
Puertos del Estado a demandé aux AP un effort d’austérité qui passe par une réduction des dépenses et une augmentation des recettes via, dans certains cas, une augmentation des droits portuaires. Les investissements ont été fixés à 812 M€, en baisse de 25 % par rapport au PLF 2011, mais en hausse de 8,5 % par rapport aux investissements effectivement réalisés l’année dernière (748 M€). Aucun nouvel investissement n’a été inscrit, il s’agit de la poursuite de projets en cours (nouveau terminal à conteneurs de Barcelone, extension du port de Valence, nouveau terminal à conteneurs de Cadix, etc.). Si les projets déjà lancés sont épargnés, les responsables des ports espagnols ont eu la désagréable surprise de constater que les liaisons ferroviaires avec les ports, qui sont la responsabilité du ministère de l’Équipement, ont été « sabrées ». « Il n’y a que 200 000 € au budget », s’exclame un responsable du port d’Algésiras à propos de la connexion vers le nœud de Bobadilla en Andalousie. Les Catalans sont furieux de voir que l’accès ferroviaire direct au port de Barcelone, dont les études sont faites, n’a pas été inscrit au budget. Rien non plus pour Tarragone et Valence. Faute de moyens, le ministère de l’Équipement souhaite désormais que ces liaisons se réalisent dans le cadre de partenariats publics privés (PPP) mais aucun projet concret, pas plus que de calendrier n’ont été présentés. L’austérité va retarder la mise en place de connexions ferroviaires UIC modernes entre les ports espagnols de Méditerranée et la frontière française.