SMS Backing préconise une certification des sociétés privées

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La piraterie au large des côtes somaliennes est devenue un véritable marché. Les demandes de rançon ne cessent d’augmenter. Pour les deux créateurs de SMS Backing (Security Management and Safety), Ludovic Guérineau et Dominique Montecer, le gouvernement français fait preuve d’une hypocrisie face à ce phénomène. En Europe, l’Allemagne et l’Espagne ont autorisé les hommes armés à bord des navires arborant leur pavillon. La France ne l’accepte toujours pas. Le recrutement d’hommes armés à bord de navires français par l’intermédiaire d’une société privée française est considéré comme du mercenariat, ce que la loi interdit. « Aujourd’hui, nous intervenons auprès de trois armateurs comme conseiller. Nous réalisons des audits du plan de sûreté des navires pour proposer des solutions supplémentaires, indique Dominique Montecer. L’intervention d’hommes armés à bord des navires se fait par l’intermédiaire de sociétés basées à l’étranger sans lien juridique avec la société française. » C’est sur ce point, selon Dominique Montecer, que toute l’hypocrisie française se remarque. Pour SMS Backing, les hommes armés sont recrutés auprès de sociétés sud-africaines. Alors, les sociétés françaises doivent jongler avec les législations pour répondre à une demande croissante. « Nous disposons en France d’experts que nous ne pouvons utiliser », regrette Dominique Montecer. Une expertise que les deux créateurs de SMS Backing maîtrisent. Dominique Montecer a passé une partie de sa carrière dans les troupes du commando Hubert des commandos de Marine. Son expérience dans la Marine lui confère une expertise pour l’intervention auprès des armateurs. « Il faut que les hommes qui embarquent sur les navires sachent s’adapter pour ne pas perturber le fonctionnement normal du navire. Une personne qui doit aussi savoir quand intervenir et appliquer des procédures prévues en amont. »

L’expertise française

Devant les difficultés juridiques que rencontre SMS Backing pour intervenir face à la piraterie, Dominique Montecer préconise la certification des sociétés privées. « Il faut une législation européenne avec une déclinaison à la française pour autoriser les interventions d’hommes armés. » Une intervention qui s’apparente aux missions réalisées par les transporteurs de fonds. Ces sociétés sont surveillées et auditées. Un schéma qu’il faut appliquer aux sociétés privées intervenant dans le cadre de la piraterie. Il préconise alors un label qui se scinderait en deux parties: un premier viserait les questions administratives quand le second concernerait plutôt l’opérationnel. Le premier « sous label », comme l’appelle Dominique Montecer, doit permettre de cerner l’entreprise, ses méthodes de recrutement, ses clients et sa perception de la géostratégie et la géopolitique. Le second, destiné à vérifier les qualités opérationnelles de la société, devra auditer la connaissance des personnels en matière d’armes et surtout les procédures à suivre pour demeurer dans un cadre de légitime défense. Ces audits des sociétés seraient avant tout destinées à valider les procédures suivies par les équipes embarquées. L’important, pour Dominique Montecer, se vérifie dans l’application de la légitime défense. Dès les premiers signes d’alerte, l’équipe embarquée doit appliquer un schéma déterminé en amont pour assurer la sécurité de l’équipage. Pour cela, il préconise le principe des bulles. Dès qu’une embarcation entre dans une bulle sans s’identifier, l’alerte est donnée. Lorsque cette embarcation entre dans la zone d’approche du navire, toute la procédure de défense entre en jeu. « Nous devons agir dans un cadre de légitime défense, mais ce principe est difficile à jauger quand les hommes lancent un grappin sans être menaçants. Dès lors qu’un homme ne menace pas physiquement, l’intervention des hommes armés à bord ne peut se faire que de façon non létale. La difficulté d’appréciation de la situation demande une réaction proportionnée qui est essentielle dans ce métier. C’est ici que l’expertise des personnels français prend toute sa mesure. »

Transport d’armes

Un autre point juridique doit être réglé, le transport des armes depuis la base jusqu’au lieu d’embarquement. « Le transfert des armes doit aussi être prévu par une convention internationale. » Imaginer un système d’autorisation de transport d’armes en relation avec le gouvernement permettrait de contrôler l’activité. La recrudescence des actes de piraterie en Somalie inquiète Dominique Montecer. « Nous ne pouvons rien faire alors que des sociétés basées à l’étranger ne se privent pas en ce moment. Nous attendons un document du gouvernement français. Si demain la piraterie baisse, nous perdrons un marché mais, en définitive ce sera une bonne chose. » Une hypothèse contredite par les chiffres. La conférence de Londres du 23 février n’a pas répondu à toutes les attentes pour Dominique Montecer. Si elle a déterminé que l’origine du problème est à terre, les gouvernements n’ont pas été au bout des mesures à prendre. « Il aurait fallu inviter les shebabs, ces responsables politiques et religieux de Somalie qui jouent un rôle, commence Dominique Montecer. Ensuite, il n’est pas prévu de créer une structure pour donner à la Somalie une gouvernance. »

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