La FNPD CGT a élaboré le document sur la relance des ports à la suite de la demande du ministre des transports, Thierry Mariani, au Conseil supérieur de la marine marchande (CSMM) de faire un bilan de la réforme portuaire. « Nous avons souhaité présenter nos propres propositions. Nous ne sommes pas en phase avec certains membres du CSMM », a rappelé d’emblée Tony Hautbois, secrétaire général de la FNPD CGT. Les propositions de la centrale syndicale ont été présentées au ministre des Transports le 14 février.
Le document dresse un bilan général. Il aborde des questions comme la modification de la gouvernance, la standardisation des contrôles douaniers, phytosanitaires et fiscaux, le renforcement du savoir-faire et des compétences des ouvriers portuaires, la nécessité de créer une filière de déconstruction et de renforcer la réparation navale. Le syndicat a surtout insisté sur trois points. Le premier a trait à la gouvernance dans les ports. « Sur ce sujet, nous nous retrouvons partiellement avec le dernier rapport de la Cour des Comptes », a souligné Tony Hautbois. Le secrétaire général de la FNPD CGT a regretté de ne pas voir de représentants des salariés dans les organes de décision du port. « Nous devrions être présents dans des instances comme par exemple les conseils de coordination portuaire. » La centrale syndicale appuie la promotion de la complémentarité entre les ports plus que la fusion. Cette dernière, pour le syndicat de la porte de Montreuil, peut avoir des incidences en matière d’emplois. Et s’agissant du projet de fusionner les trois ports de Seine, la FNPD CGT se dit étonnée d’entendre le président du conseil de surveillance prendre position sur le sujet alors même que le projet n’a pas été présenté aux instances représentatives du personnel ni au conseil de surveillance. C’est un bel exemple de non-respect du dialogue social.
Autre sujet de préoccupation, les dessertes terrestres des ports qui souffrent d’un manque d’investissement. « Des places portuaires sont engorgées. Il faut développer le ferroviaire, le fluvial, le cabotage maritime et adapter l’infrastructure routière pour que chaque port puisse se développer. Pour cela l’État doit réaliser les investissements promis. » La FNPD CGT s’inquiète de ne pas voir arriver les 175 M€ promis lors de la réforme. « Le transfert de l’outillage, nous y étions opposés. Sans une véritable politique portuaire du gouvernement, les ports français ne rattraperont jamais le retard accumulé face à ses concurrents », a continué le secrétaire général.
Autre point abordé par la principale centrale syndicale des ouvriers portuaires, la fiabilité technique de l’outillage portuaire est un sérieux handicap. « Nous entendons souvent parler de fiabilité sociale des ports français mais il est aussi temps de parler de la fiabilité technique. Nous demandons un véritable engagement sur la fiabilité de l’outillage portuaire pour répondre à la demande. » Et de citer la Cour des Comptes qui s’inquiète du ferraillage des grues plutôt que de l’achat de nouveaux outils. « L’État doit jouer son rôle », a rappelé Yves Tual secrétaire de la FNPD CGT au Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire. Avant la réforme, le port a prévu de remplacer cinq grues. Quand la réforme est entrée en vigueur, l’outillage a été cédé sans qu’il y ait de nouveaux outillages prévus, a expliqué Yves Tual. « Il faut trouver du financement pour rénover cet outillage », ont souligné les représentants de la FNPD CGT.
Trois gros dossiers issus de la réforme
Pour continuer dans cette veine de la réforme et des besoins pour la relance des ports, la FNPD CGT pose trois principaux dossiers sur lesquels il est important d’intervenir. Le premier concerne des situations monopolistiques dans certains ports. Cela concerne des établissements comme Nantes-Saint-Nazaire et La Rochelle. Dans ces deux ports, la manutention a été répartie entre trois principaux opérateurs. Les autres manutentionnaires n’ont plus la possibilité d’intervenir sur les quais, à l’image de Manuport ou de Sogebras à Nantes. « Et nous avons vu les prix de la manutention augmenter de 300 % pour ces sociétés de manutention sans quais, indique Yves Tual. Une situation qui peut à terme mettre en péril les emplois de ces sociétés. »
Second dossier d’actualité, le transfert de charges dans les entreprises de manutention met ces dernières en péril financièrement. « Ces charges fixes pèsent lourdement sur ces sociétés et nous avons vu des salariés en chômage partiel. Nous n’accepterons ni licenciement ni retour dans les établissements portuaires », indique Tony Hautbois. Enfin, le troisième volet issu de la réforme tient aux nouvelles réglementations en matière d’occupation du territoire. « Avec le code ISPS et les zones d’accès restreint, nous sommes de plus en plus surveillés lors de notre activité », s’inquiète le secrétaire général de la FNPD CGT.
Après l’analyse de la situation, la FNPD CGT a présenté ses propositions pour voir se créer un véritable ministère en charge des transports maritimes et des ports. La centrale syndicale propose la création d’un pôle de financement public pour venir en aide et développer les trafics, ainsi que résoudre le désenclavement de certains ports. « Lors de la présentation de la réforme, le gouvernement a promis des emplois et des investissements. Nous avons perdu 1 000 emplois et les millions d’investissement promis ne sont jamais arrivés », s’indigne la FNPD CGT.