Les doubles coques: un progrès en trompe l’œil

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« À double coque, l’Erika aurait-il coulé? » Face à cette question, aucun des participants de la conférence sur « l’impact des nouvelles réglemen- tations sur les doubles coques » du forum Marisk, les 26 et 27 janvier à Nantes, n’a émis de doute. L’obligation de la double coque a rajeuni les flottes mais n’a pas rendu les navires plus sûrs quand ils sont trop vieux. Dix ans après le premier plan européen, le vieillissement des doubles coques, plus rapide que les simples coques, ainsi que leur exploitation commerciale plus délicate, incite à imaginer de nouvelles solutions. « À quand donc la triple coque? », s’est demandé un participant. Réponse unanime: inutile! « La solution se trouve dans doute plutôt dans la possibilité de bien faire avec ce que l’on a », résume Dominique Guiziou, de l’École nationale supérieure maritime.

En attendant, les « praticiens » de la double coque dressent un bilan sombre. « Vulnérables à la corrosion des citernes, à ballast comme à cargaison, malgré le progrès des peintures. Inspections très difficiles en raison du triplement des surfaces à vérifier. Fatigues des structures également », constate Marie Bourrel, juriste de la fondation Nippon France. « D’autant que pour offrir des déplacements plus légers, pour le même port en lourd, on évite des parois longitudinales et on utilise des matériaux comme des aciers à haute résistance, dont on ne connaît pas le comportement physique à long terme. On obtient jusqu’à 10o ou 15o de mauvaise gîte qui peuvent devenir gênants », ajoute Dominique Guiziou. « Les doubles coques demandent une grande vigilance, confirme Hubert Ardillon, président de l’Association française des capitaines de navires. Ce sont de bons navires, mais leur stabilité est plus difficile à gérer. De même que les inspections de sécurité. Pourtant, la seule solution est de continuer de descendre dans les ballasts. Les inerter, par exemple, pour éviter les explosions, sera trop compliqué. Pour cela, il vaudra mieux former davantage les équipages. »

L’OMI cherche à améliorer les normes de construction. Georges Tourret, de l’Institut maritime de prévention, estime qu’il faudra aussi en demander plus aux armateurs. Pas facile en période de taux de fret dégradé. Mais la double coque est loin d’avoir tout résolu.

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