Sécurité maritime: n’ont-ils rien appris ou tout oublié?

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« Nous ne sommes pas à l’abri [d’une catastrophe]. Jamais. Deepwater Horizon l’a rappelé au gouvernement américain en 2010. Ne baissons pas la garde », a recommandé Gilbert Le Lann directeur du Cedre, le 2 décembre, lors du colloque sur l’action de l’État en mer du 16 décembre. Avec le TK-Bremen sur une plage de Bretagne et quelques centaines de m3 d’hydrocarbures à l’eau, le village politique français de gauche comme de droite sort de sa torpeur.

Publié en juillet 2000, le rapport de l’Assemblée nationale intitulé « Après l’Erika, l’urgence », se concluait ainsi: « l’opinion ne supportera pas une nouvelle marée noire. Or passé le moment d’émotion, trop souvent l’intérêt retombe, les volontés s’émoussent. Puisse-t-il, cette fois-ci en être autrement car il s’agit d’un travail de longue haleine qui doit reposer sur une volonté politique affirmée. Peut-être aussi – tel est en tout cas le souhait de la commission – nos concitoyens pourront-ils un jour considérer le monde maritime dans sa diversité de façon plus positive, comme une chance pour notre pays ». À lire quelques commentaires des internautes bretons ou non sur l’échouement du TK-Bremen, il y a de très larges marges de progression.

Les raisons de s’indigner et/ou d’aller à la plage accompagné de caméras de télévision ne devraient pas se limiter aux échouements avec déversement d’hydrocarbures. Lorsque le chimiquier récent Y-Uranus (120 m; pavillon maltais; 6 000 t de solvant à bord) se retrouve « en grande difficulté » après avoir été abordé en début octobre par « semble-t-il » le vraquier Hanjin-Rizhao, qui s’intéresse en France aux circonstances de cet événement de mer qui s’est déroulé à 50 nautiques dans le S-W d’Ouessant? Personne. Pas plus en Bretagne que dans les cabinets ministériels. Pourtant ses 13 membres d’équipage ont été ramenés à Brest, tout comme le navire, quelque temps plus tard. Lorsque le rapporteur du projet de loi de finances 2012 pour la sécurité maritime, le député UMP de Seine maritime Jean-Yves Besselat, constate que le budget annuel de fonctionnement du BEAmer « se réduit à 100 000 € (contre 250 000 €) pour 2012 en raison des contraintes budgétaires et de la diminution croissante des activités » qui s’y intéresse, en Bretagne ou ailleurs?

Par contre le verbe est haut lorsqu’il s’agit de fustiger la décision du gouvernement britannique de ne plus co-affréter le remorqueur de haute mer prépositionné en Manche.

L’incident du TK-Bremen est « parfait »: il est de faible importance mais suffisamment fort pour réveiller tout le village à quelques mois des élections présidentielles. Et l’hiver ne fait que commencer. Le tourisme littoral pourrait même y trouver son compte si l’on se rappelle des effets positifs de la présence de l’Artemis sur la plage des Sables d’Olonne, en mars 2008. Bis repetita placent, une petite barge française tractée par un remorqueur français en avarie moteur, s’est échouée le 19, vers 20 h 30 à la pointe de la Péruse au sud des Sables d’Olonne.

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