Les Assises de la mer et du littoral, organisées par Le Marin et Les Échos, ont choisi de faire escale à Dunkerque cette année. Parmi les nombreux débats qui se sont tenus, le consultant Price Water House a présenté son baromètre de l’économie maritime. Le contexte économique est incertain, a rappelé Gil Sandillon, associé à Price Water House. « Les indicateurs économiques étaient favorables entre le premier trimestre 2010 et avril 2011. Un net ralentissement de l’économie mondiale et française s’est opéré au deuxième trimestre pour s’accentuer pendant l’été. Un phénomène qui a mis en exergue la surcapacité de certains actifs productifs. »
L’analyse de l’économie maritime par secteur n’est pas plus réjouissante. Dans le secteur des passagers, après la baisse « atypique de 2009 », une hausse apparaît en 2010 qui se répartit inégalement selon les façades maritimes. Sur le Transmanche, si la croissance est de retour, les acteurs ne font pas fortune, « en témoigne la difficulté de certains acteurs du secteur ». Les prix demeurent bas.
S’agissant des vracs secs, l’indice du BDI (Baltic Dry Index) ne retrouve pas ses niveaux d’avant la crise en raison de la surcapacité entraînant une baisse des taux de fret. Une tendance qui se décline sur le marché des pétroliers. En 2011, les taux d’affrètement des VLCC ont enregistré une grande volatilité, « particulièrement amplifiée sur la route Moyen-Orient-Japon en raison de la catastrophe de Fukushima ». Avec des niveaux de 2 000 $ à 3 000 $ par jour depuis le mois d’août, les taux de fret n’assurent pas la rentabilité des navires. Sur le marché des conteneurs, les taux d’affrètements suivent la tendance à la baisse tout comme les taux de fret en EVP. Price Water House constate un retour au désarmement de navires, sans pour autant atteindre les niveaux de 2009, mais qu’il imagine grandissant dans les prochains mois. « Dans ce contexte, les armements dotés des plus grands navires résistent sans doute mieux que ceux dotés de navires de moins de 8 000 EVP. »
Un contexte difficile qui n’épargne pas les armements français, avec en plus une nouvelle épée de Damoclès au-dessus de la tête pour le transport maritime à courte distance. Les nouvelles normes sur les émissions de soufre en Manche vont augmenter considérablement le coût de transport. Thierry Mariani, ministre des Transports, a voulu rassurer l’assistance en engageant le gouvernement français vers une application de cette réglementation plus raisonnée.
Ports, le handicap de la TVA
Lors des 7e Assises de la mer et du littoral, le secteur portuaire a été examiné à la loupe. Après sept mois d’application de la réforme portuaire, les représentants des principaux acteurs portuaires ont dressé un premier bilan de cette nouvelle organisation. Avec cette réforme, le commandement unique dans les terminaux appliqué, c’est au tour de la gouvernance d’être examinée. Chargeurs et manutentionnaires ont exprimé leur regret d’être « cantonnés » dans les conseils de développement des Grands ports maritimes qui ne donnent qu’un avis. « Ce sont des réunions de 40 personnes où tout le monde ne prend pas la parole et où les discussions s’éloignent parfois du développement portuaire », a constaté Christian Paschetta, président de l’Unim. Un regret qu’il tempère en affirmant ne pas vouloir une nouvelle réforme de cette gouvernance. Si la réforme se met en place, « la TVA demeure un handicap important pour des ports comme Dunkerque », selon Philippe Bonnevie, délégué général de l’AUTF. Le système de remboursement de la TVA plus avantageux dans les ports belges que français incite les chargeurs français a continué de préférer Anvers ou Zeebrugge. Régler cet obstacle permettrait de faire revenir 25 % des conteneurs français déchargés dans les ports belges, selon des observateurs. L’avenir de cette réforme repose sur tous les acteurs portuaires. La manutention a un potentiel de productivité supplémentaire pour attirer de nouveaux les chargeurs français. « Il faut entrer dans un processus normal. Ensuite, nous pourrons envisager l’excellence », a déclaré Christian Paschetta. Interpellé par Franck Gonsse, secrétaire général du syndicat d’ouvriers portuaires CNTPA CSOPMI sur l’implication des chargeurs à revenir dans les ports français, Philippe Bonnevie a souligné que les chargeurs sont patients. « Je leur ai suggéré de revenir. »