L’objectif reste le même: éloigner le trafic maritime des côtes françaises quand il représente un danger pour l’environnement en permettant aux autorités de prendre les dispositions nécessaires. « Mais, parallèlement à cette optimisation des flux de navires, nous voulons réserver la navigation côtière aux navires qui en ont vraiment besoin du fait de leur taille ou de leurs activités », commente le préfet maritime, l’amiral de Saint-Salvy. En clair, répondre aux souhaits économiques très vifs que certains armements de car-ferries et de caboteurs ne cessent d’émettre depuis qu’ils sont contraints de faire le tour complet d’Ouessant pour rallier Brest ou l’Espagne depuis 1993.
L’étude réalisée par le Cross Corsen en 2009 fait ainsi deux propositions concrètes: améliorer d’une part la circulation dans le DST en élargissant le type de navires éligibles à la voie à double sens, et autoriser d’autre part de manière permanente un transit dans les chenaux de la mer d’Iroise (Four, Fromveur, La Helle et raz de Sein).
Pas question pour autant de laisser n’importe qui faire n’importe quoi. « Le diagnostic est fondé sur des données objectives et le processus de décision a fait l’objet de réflexions poussées », indique le préfet maritime.
Les car-ferries mais pas les paquebots
Concrètement, les car-ferries auparavant autorisés à naviguer dans la voie à double sens vont pouvoir emprunter les chenaux. Sous certaines conditions toutefois: moins de 220 m de long, double hélice, propulsion auxiliaire, redondance des équipements, validation des connaissances du commandant, dix passages par an, etc. C’est le cas de Brittany Ferries, par exemple, dont les commandants ont déjà entamé leurs tests sous l’œil des pilotes de Brest. Ce qui va signifier un gain d’une heure et demie lors des transits sur l’Espagne. Et c’est aussi celui des caboteurs de moins de 3 000 UMS ne transportant pas de matières dangereuses qui voient sauter les verrous des conditions de marées et météorologiques. En revanche, ce n’est pas le cas des paquebots qui ne sont éligibles qu’à la voie à double sens. « Si les ferries sont des navires de manœuvre habitués à transiter dans des chenaux étroits, les navires de croisière font, eux, peu de manœuvres autonomes et doivent rester en eaux libres », commente-t-on à la Prémar. Mais, dans l’esprit de Guardex 2011 (voir JMM du 28 octobre), les paquebots se rapprochent quand même de la côte pour une intervention plus rapide des moyens de secours. Si pour les chenaux, la signature du préfet maritime suffit, la modification du DST doit encore être validée par l’OMI.