« Dans une période d’incertitude, les acteurs ont besoin d’indicateurs pour mesurer la performance », a rappelé Jean-Yves Le Ven, directeur du Cetmef (Centre d’études techniques maritimes et fluviales). Et en matière portuaire, les indicateurs de performance sont-ils d’une grande utilité? Gustaff de Monie, consultant en matière portuaire, est venu rappeler la genèse des indicateurs réalisés pour le compte du Germanischer Lloyd. « En 1995, l’OIT, Organisation internationale du travail, a demandé à concevoir des modules sur la productivité des terminaux à conteneurs. En 2008 le Container Terminal Quality Index (CTQI) a été reconnu par le Germanischer Lloyd et appliqué sur le terminal hambourgeois d’Altenwerder. » Le CTQI propose 70 indicateurs comprenant des facteurs externes et la connectivité avec l’hinterland. « Au final, ces indicateurs ne sont pas parfaits et il serait vain de les prendre au pied de la lettre », a continué Gustaff de Monie. Pour Patrick Pirrat, chargé de mission à EMC2, la mise en place d’indicateurs risque de mener à un résultat détourné. « Nous, industriels, nous retenons le respect des engagements avec une orientation client. » Il a souligné la nécessité de différencier les indicateurs de moyens et ceux de résultats. Les indicateurs de résultats déterminent la réalisation d’une tâche. Ils sont primordiaux et doivent guider les indicateurs de moyens. « Il est nécessaire de décomposer au niveau de chaque équipe leur engagement pour la réalisation de leur tâche. Ensuite nous déterminons les moyens à associer », a continué Patrick Pirrat. Et le consultant a donné deux exemples, l’un sur un terminal roulier, l’autre pour un industriel implanté en zone portuaire. Dans chacun de ces exemples, le chargé de mission de EMC2 a souligné l’importance qu’il attache à la capacité de chaque équipe à progresser. « L’ensemble de la communauté doit être capable de monter en puissance. »
Laisser l’humain au centre des préoccupations
Les indicateurs de performance ne doivent pas être élevés au rang de dogme. Il faut savoir les mettre en cause et les retirer pour les faire progresser. « Savoir mesurer la performance d’une procédure n’exclut en rien de laisser l’humain au centre des préoccupations », a souligné un responsable du port de Dakar. Les discussions avec la salle ont surtout concerné l’imperfection de ces mesures.
Les indicateurs sont avant tout une mesure de performance à prendre avec soin. Dans sa présentation, Jean-Yves Le Ven, directeur du Cetmef, centre d’études techniques maritimes et fluviales, est venu présenter la démarche appliquée à l’étude sur la mesure d’un terminal à conteneurs. Elle se concentre sur les opérations de bord à quai et sur le parc du terminal à conteneurs. Une seconde étude, prévue de s’achever dans le courant de 2012, établit la mesure des dessertes terrestres. Jean-Yves Le Ven est venu expliquer la démarche qui a guidé le Cetmef dans la réalisation de ces études pour donner des indicateurs de performance. Avant de procéder à toute mesure, la première question à se poser vise à déterminer le but de ces indicateurs: pilotage, benchmarking ou communication? Ensuite, préconise Jean-Yves Le Ven, ces indicateurs doivent être délimités dans leurs objectifs. S’agit-il de la performance vue par les clients (ceux dont les marchandises transitent par le port, ou bien ceux dont les installations industrielles sont implantées dans la zone portuaire, ou bien vis-à-vis des concurrents)?
Enfin, il convient de préciser le périmètre de la mesure, comme par exemple les opérations portuaires, l’intégration des procédures douanières, les dessertes terrestres et maritimes. Quand les objectifs ont été clarifiés, les tableaux de bord doivent faire ressortir les éléments essentiels: l’équilibre financier, l’impact pour les clients, la maîtrise des processus clé des opérations et les éléments à caractère innovants.
