L’actuelle impossibilité de déterminer les parts de marché conteneur des ports français est une nouvelle fois dénoncée, certes indirectement, par l’Union des ports de France (UPF). En effet, l’UPF diffuse sur son site internet un document rédigé par François-Xavier Jorrot, étudiant à Sciences-Po Lille et auteur du rapport sur les « parts de marché des ports français et trafic “transbordé” dans les ports étrangers ». Après son stage à l’UPF-ADPF, l’étudiant en Master 2 développement économique de l’interface public-privé est parti se confronter aux réalités portuaires havraises. Il était question d’assurer le suivi avec les douanes sur la question de la production d’informations et d’évaluer le marché français du conteneur et la part détenue par le Grand port maritime du Havre.
François-Xavier Jorrot constate que « c’est dans le montage de projet que les informations sur le marché du conteneur et les parts de marchés des ports français commencent à dévoiler leur importance »: sans chiffres relativement fondés, difficile de justifier, en toute rationalité, la construction d’une infrastructure (ou le lancement d’une réforme; n.d.l.r.). « Sachant que le sujet des parts de marché et de la compétitivité des ports français a des implications politiques, il apparaît que: le discours de nombreux acteurs, aussi bien politiques que techniciens, est fortement influencé par des croyances sur le domaine ciblé; la production même de statistiques, qui devrait être le point le plus objectif, est fortement influencé par des croyances qui participent à leur construction (quelle approche sera retenue? quel indicateur? etc.) ainsi qu’à leur interprétation ». La confidentialité des données économiques est présente dans ce dossier. François-Xavier Jorrot propose la constitution d’un véritable consortium des consultants européens aux capacités d’expertises complémentaires pour renforcer la solidité d’une pareille étude.
Puis il pose la question qui risque de fâcher: la croissance « atone » des ports français par rapport à leurs concurrents est-elle le fruit de leur « mauvaise performance intrinsèque » et/ou est-ce le marché du transport de conteneurs en provenance ou à destination de la France qui est « atone »? « Dans la seconde hypothèse, la dégradation des parts de marchés des ports français ne serait plus un problème réservé aux ports, mais un symptôme d’une économie française en difficulté. » Il conviendrait alors d’en tirer quelques conséquences pratiques.
