L’avenir des ports de l’axe Seine passe par la coopération

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L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a dévoilé le 20 septembre une étude intitulée « Compétitivité des villes portuaires: le cas de l’axe Seine, Le Havre, Rouen, Paris, Caen » (voir JMM no 4789). Divisé en quatre chapitres, ce document de l’OCDE analyse la performance portuaire des quatre sites, leur impact économique, social, environnemental sur leurs territoires, les politiques menées et la gouvernance. De la lecture de l’étude de l’OCDE se dégage d’abord la conviction que les quatre ports sont très loin des performances de leurs homologues du nord-ouest de l’Europe. Ils sont moins bons en termes de parts de marché: « Alors que les ports d’Europe du Nord-Ouest ont connu une croissance de 24 %, celle des ports de l’axe Seine n’a été que de 7 %. De ce fait, les parts de marché des quatre ports ont décliné de 9,9 % en 2001 à 8,6 % en 2010. » Le grand port maritime du Havre (GPMH) est moins bon en termes de perception sur les préférences des usagers portuaires. Ces derniers déplorent une fiabilité et une flexibilité moindre « du fait de l’instabilité sociale créée par les syndicats et les grèves fréquentes ». Pour le GPMH, l’étude de l’OCDE relève encore l’absence de concurrence intraportuaire et le manque « d’opérateurs intermodaux internationaux ». Selon l’OCDE, la faible performance portuaire du Havre est aussi liée « à la perte graduelle de son arrière-pays naturel en France au profit de concurrents étrangers ». À la différence d’Anvers et Rotterdam, aucun des ports de l’axe Seine n’a su susciter l’émergence de centres de distribution européens, selon l’OCDE. Le Havre, Rouen, Caen et Paris ne sont pas des acteurs importants dans l’organisation des chaînes logistiques européennes. Après une liste de défauts, un des points positifs mentionnés par l’OCDE concerne Le Havre et son accessibilité maritime. « Un nombre relativement important d’opérateurs, de navires et d’escales » ont lieu au Havre, « ce qui prouve une bonne connectivité maritime ». Il dispose « d’une forte présence au sein des routes maritimes intercontinentales des principales compagnies maritimes mondiales », souligne l’étude. Le Havre dispose donc de fonctions importantes de hub pour le fret conteneurisé. Il est aussi spécialisé dans les vracs liquides, notamment le pétrole brut. De son côté, Rouen est « un acteur important sur le marché de niches des produits agricoles ». Les vracs liquides, notamment des produits raffinés, sont aussi importants à Rouen. « Le roulier est la catégorie de trafic la plus importante du port de Caen » pour lequel il ne faut pas non plus oublier les produits agricoles. Enfin, le port de Paris est spécialisé dans les vracs solides, « qui représentent 75 % de son trafic en tonnage et sont constitués en grande majorité de matériaux de construction ». En dressant cette liste des spécialités du Havre, de Rouen, de Caen et de Paris, l’OCDE explique que là réside l’un des atouts des quatre sites: « Compte tenu des différences entre les ports de l’axe Seine, il existe un potentiel pour des synergies ». Les quatre ports doivent donc tabler sur leurs différences pour mettre en place une coopération et une coordination étroite.

Il faut aller plus loin et sans tarder

« De l’avis général, depuis un an, les ports de l’axe Seine semblent se parler et discuter ensemble. Cette évolution est considérée comme un grand pas en avant », indique l’étude. Mais les quatre ports doivent aller vite car, selon l’OCDE, un processus mondial de régionalisation est en cours: les avantages concurrentiels sont créés par les ports qui gèrent bien leur intégration dans les systèmes régionaux de ports maritimes et fluviaux et de plates-formes et de zones logistiques. D’autres ports du nord-ouest de l’Europe sont engagés depuis longtemps dans une telle démarche, estime l’étude. Et les ports de l’axe Seine doivent s’engager dans cette voie sans tarder s’ils ne veulent pas définitivement demeurer des hubs européens mineurs. Au-delà de la nécessité d’une coopération étroite entre les quatre ports, l’OCDE présente également une liste de recommandations. Ces dernières se répartissent autour de cinq points principaux: développer une stratégie commerciale portuaire proactive, considérer les ports comme des atouts stratégiques pour le développement économique régional, stimuler des formes plus durables de transport pour l’arrière-pays, appliquer et élargir les connaissances, promouvoir des systèmes de gouvernance plus efficaces. L’OCDE suggère également au Havre de développer le Short Sea Shipping et le transbordement maritime.

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