Le golfe de Guinée fait son entrée dans le cercle des zones à risques au premier semestre 2011

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L’International Maritime Bureau (IMB)-Piracy Reporting Centre (PRC) a publié mi-juillet son rapport sur « les actes de criminalité maritime et la piraterie » au premier semestre 2011. L’IMB-PRC a reçu 266 rapports sur des attaques de navires de la part de capitaines ou d’armateurs. Un nombre en essor de 36 % par rapport à la même période de l’année 2010 pour laquelle l’IMB-PRC avait réceptionné 196 rapports. Les 266 attaques se répartissent comme suit: 99 navires ont été arraisonnés, 76 ont essuyé des tirs, 29 ont été détournés, 62 ont été attaqués mais sont parvenus à s’échapper. En ce qui concerne les membres d’équipage, sept ont été tués, 13 kidnappés et 495 retenus en otage. Sur les 266 attaques, 163 sont attribuées à des pirates somaliens. Ces derniers « exercent dans une aire géographique toujours plus large incluant le golfe d’Aden, le sud de la mer Rouge, les côtes aux larges du Yemen, d’Oman, du Kenya, de la Tanzanie, des Seychelles, de Madagascar, du Mozambique, de l’ouest de l’Inde et des Maldives », précise l’IMB-PRC. Si le nombre d’attaques commises par des pirates somaliens contre des navires est en augmentation au premier semestre 2011, le nombre d’attaques réussies est toutefois en baisse par rapport au premier semestre 2010. « Une diminution largement liée à la présence des forces navales et à la vigilance accrue des équipages de navires », estime l’IMB-PRC. Une autre évolution est apparue au premier semestre 2011 concernant les pirates somaliens: la période de la mousson, qui commence fin mai-début juin et dure jusqu’à fin août-début septembre, n’a pas stoppé les attaques contrairement aux années précédentes. Malgré des vents de force 7 sur l’échelle de Beaufort et une houle de 4,5 m, 8 attaques ont eu lieu depuis le début de la mousson.

Un sentiment d’impunité

Si les côtes Est de l’Afrique demeurent dangereuses, celles situées à l’ouest sont en train de le devenir à leur tour. En mai et juin, 12 attaques ont été signalées dans le golfe de Guinée, au large du Bénin. Aucune n’avait eu lieu au cours des dernières années. À proximité des côtes du Nigeria, ce sont six attaques qui ont été rapportées. Selon l’IMB-PRC, ce nombre est largement inférieur à la réalité. « Des informations de sources dignes de confiance indiquent qu’au moins 17 attaques se sont produites à proximité du Nigeria », relève l’IMB-PRC. Selon le groupe Geos, l’un des leaders européens de la prévention et du management des risques, les attaques ayant eu lieu dans le golfe de Guinée depuis le début 2011 ne sont plus « des actes de criminalité maritime se limitant à une distance de 12 miles nautiques de la côte », mais bien « des actes de piraterie car réalisés au-delà de cette délimitation juridique ». Ils « illustrent les nouvelles capacités et ambitions des groupes criminels régionaux (nigérians, camerounais, béninois) ». Autrement dit, une piraterie maritime organisée sur le modèle de celle du golfe d’Aden serait en train de se mettre en place dans le golfe de Guinée. Le groupe Geos signale aussi « une très forte augmentation des actes de criminalité maritime avec violence au large du port de Cotonou ». Ce site est d’ailleurs en tête du classement de l’IMB-PRC des ports où se sont déroulées plus de trois attaques au cours du premier semestre (voir ci-contre). Le mode opératoire est quasiment toujours le même, analyse Geos. L’attaque se déroule alors que le navire se trouve au mouillage à l’entrée du port durant l’opération STS. Les assaillants auraient à chaque fois profité de la suspension des mesures de sûreté afin d’aborder les navires, surtout des tankers, et prendre en otage les équipages, dérober leurs effets personnels ainsi que les biens de valeur trouvés à bord. Les experts de Geos expliquent que « les pirates profiteraient des failles des forces armées maritimes béninoises ainsi que d’une connivence avec les agents administratifs du port afin d’obtenir des informations précises sur les zones de mouillage et les itinéraires des navires ». Les experts de Geos avancent encore que les attaques « pour le moment relativement localisées au large du Bénin, pourraient s’étendre à court terme aux pays frontaliers, tels que le Nigeria et le Cameroun ». Ils mettent aussi en garde sur « l’importante augmentation des actes de criminalité maritime ces dernières semaines au Gabon, en République démocratique du Congo et en Angola, où le sentiment d’impunité est renforcé par la faiblesse des marines nationales face à la volonté expansionniste des groupes criminels opérant dans la zone ». En ce qui concerne la situation aux larges du Bénin et du Nigeria, l’IMB-PRC annonce avoir alerté les autorités compétentes de ces deux pays sur la gravité de la situation et rappelle aux armateurs et capitaines l’importance de l’informer de tous les actes dont leurs navires sont victimes dans le golfe de Guinée.

La vigilance des équipages reste de mise

Les eaux plus ou moins proches ou lointaines de l’Afrique ne sont pas les seules où se sont déroulés des actes de criminalité maritime ou de piraterie au premier semestre 2011. L’IMB-PRC signale aussi la persistance d’attaques en mer de Chine méridionale contre principalement des remorqueurs et des barges. Selon l’IMB-PRC, les autorités indonésiennes auraient arrêté les auteurs de ces actes mais continueraient d’enquêter « afin de déterminer si des groupes criminels organisés ne seraient pas impliqués ». Plus globalement, une cinquantaine d’accidents ont été rapportés à l’IMB-PRC dans les détroits d’Indonésie, de Malaisie et de Singapour. Un volume certes en très forte diminution par rapport au nombre d’attaques relevé dans les années 1990 et début 2000 grâce à la forte réaction des autorités régionales concernées depuis 2005. Dans ces zones, la vigilance reste donc nécessaire, plus particulièrement la nuit, moment où les attaques sont les plus nombreuses. Enfin, l’IMB-PRC, a été informé de quelques attaques aux larges du Brésil, du Pérou, du Venezuela, du Costa-Rica et d’Haïti. En Amérique centrale et du Sud, les auteurs s’en prennent surtout à des navires au mouillage à l’entrée des ports.

Le rôle des gouvernements

Le rapport de l’IMB-PRC sur les actes de criminalité maritime et la piraterie au premier semestre 2011 montre une nouvelle fois la vulnérabilité des navires quels qu’ils soient et de leurs équipages. Tous les types de navires sont concernés par les attaques (voir ci-dessous). Malgré les guides de bonnes pratiques et la vigilance, des marins sont victimes de ces actes. Pour l’International Chamber of Commerce (ICC), c’est aussi le commerce mondial qui est menacé. Et l’ICC d’appeler les gouvernements à prendre la mesure de la situation et à engager une lutte globale contre la criminalité en mer.

Définitions

L’International Maritime Bureau (IMB) et le Piracy Reporting Centre (PRC) relèvent de l’International Chamber of Commerce (ICC). L’IMB a été fondé en 1981, sa mission étant la lutte contre tous les types de fraudes ou de criminalités maritimes. La même année, l’Organisation maritime internationale (OMI) a adopté une résolution recommandant aux gouvernements et aux acteurs du monde du shipping de collaborer avec l’IMB afin de développer une action coordonnée contre les actes criminels en mer. De son côté, le PRC a été créé en 1992 à Kuala Lumpur suite à la croissance sans précédent du nombre des actes de piraterie en mer. Le PRC a notamment une mission de collecte d’informations mais aussi de conseils et d’assistance auprès de l’OMI, des autorités locales, des propriétaires de navires, etc. Dans ses rapports semestriels et annuels, l’IMB-PRC rappelle la différence entre les actes de criminalité maritime et la piraterie, fondée sur les définitions des Nations Unies et de l’OMI. Est considérée comme un acte de criminalité maritime toute attaque ayant lieu à moins de 12 miles nautiques des côtes. Au-delà de cette limite, il s’agit d’acte de piraterie.

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