Aux États-Unis, la possibilité d’exploiter les mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique a transformé le secteur du gaz naturel il y a un peu plus de deux ans maintenant. De dépendant en gaz naturel, le pays est devenu autosuffisant. Les exploitants de terminaux méthaniers aux États-Unis, qui recevaient les navires chargés de gaz naturel liquéfié (GNL), ont commencé à envisager une mutation de leurs installations. Afin d’exporter et non plus d’importer du GNL, il a été envisagé de transformer les usines de regazéification, situées dans les terminaux méthaniers, en usines de liquéfaction. Les oppositions de plus en fortes des citoyens américains à la technique de la fracturation hydraulique pour l’exploitation des mines d’hydrocarbures gazeux pourraient bien remettre en cause ces projets d’évolution, analysent les experts de Poten & Partners dans leur dernière lettre mensuelle dédiée au secteur du GNL. Actuellement, l’exploration et l’exploitation des sites sont principalement encadrées par des législations au niveau des États, et de manière plus lointaine par deux textes fédéraux, le Clean Water Act et le Safe Drinking Water Act. Mais devant les pressions des citoyens, Washington est en train de réfléchir à une réglementation plus stricte et plus directe de cette technique au niveau fédéral, relève le document de Poten & Partners. Les principales craintes par rapport à la fracturation hydraulique reposent sur les produits chimiques utilisés lors de cette opération et soupçonnés de contaminer les nappes phréatiques situées à proximité des mines. Si Washington décide la mise en place d’une législation plus contraignante, le gaz non conventionnel pourrait voir son essor freiné et laisser plus de place au gaz naturel issu des mines traditionnelles. Cette situation profiterait alors aux exportateurs mondiaux de gaz naturel qui livreraient de nouveau largement les États-Unis. Il y aurait également des conséquences sur les prix du gaz. Ces derniers ont connu une chute à partir du milieu de l’année 2008 et demeurent à de faibles niveaux depuis. La tendance pourrait s’inverser si les conditions d’exploitation des mines par fracturation hydraulique devenaient plus contraignantes, avancent les experts de Poten & Partners. Les usines de regazéification implantées dans les terminaux méthaniers américains ne vont finalement peut-être pas disparaître du paysage portuaire américain.
Politique & réglementation
Vers une évolution de la législation sur le shale gas aux États-Unis?
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