Les débats ont tout d’abord porté sur la définition des périmètres des guichets uniques. Au-delà des définitions administratives et fonctionnelles proposées par les grandes organisations internationales (OMD, UNECE, UN-CEFACT), les discussions ont porté sur la distinction entre les guichets uniques administratifs et les guichets uniques portuaires. Les premiers visent à simplifier l’ensemble des procédures exigées par les divers services administratifs nationaux via un point d’entrée unique. Le dépôt, facilité d’informations obligatoires dans un format harmonisé, permet de remplir toutes les formalités officielles dans les procédures d’importation, d’exportation et de transit. Selon les experts internationaux, les guichets uniques portuaires tendent à être plus « business oriented », cherchant sur une base collaborative à englober l’ensemble des acteurs impliqués sur toute la chaîne logistique internationale. L’objectif demeure de fluidifier le commerce et l’échange en réduisant au maximum les contraintes d’interopérabilité tout en intégrant au mieux l’ensemble des services administratifs nationaux comme la douane. Au-delà des dimensions sémantiques, les conférenciers ont mis en avant la problématique des héritages, des habitudes et des conservatismes qui rendent encore complexe l’adhésion de toutes les communautés dans les processus de guichets uniques.
Pour répondre à ces contraintes, l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) travaille sur un guide de référence qui permettra, fin de 2011, de disposer d’outils pratiques pour accompagner les autorités compétentes dans la mise en place des solutions de guichet unique. En Europe, la création en 2010 de la European Port Community System Association (EPCSA) marque la volonté de se faire entendre auprès des instances communautaires européennes. L’objet demeure de sensibiliser les décideurs politiques sur les cadres (légaux, opérationnels et techniques) nécessaires pour que la fluidification maximale du commerce soit assumée via les solutions proposées par les guichets uniques portuaires.
Interopérabilité et sous-régionalité
En Afrique, les situations demeurent très contrastées avec des maturités technologiques et managériales très différentes. Les avancées sénégalaises ont été commentées, tant de la part de la douane que du fournisseur de solutions intégrées Gainde 2000. La gestion coordonnée des passages frontaliers, l’interopérabilité des systèmes et les limites de sécurité/confidentialité ont été relevées par les experts africains. Le manque de technologie a été relégué dans l’ordre des priorités au profit de la gestion optimisée des compétences et des ressources humaines. À l’instar de la situation européenne, l’inadaptabilité des cadres légaux dans un environnement économique sous-régional a été aussi mentionnée comme une contrainte forte pour le continent africain. Cela n’empêche pas l’UEMOA de conduire une étude empirique pour implanter un guichet unique régional (GUR) suivant la même philosophie que l’Asian Single Window Initiative (ASW) qui viserait à regrouper 10 National Window sous-régionaux. À travers ses travaux sur les ports africains, la Fondation Sefacil a rappelé l’importance des guichets uniques dans la production de données statistiques et économiques. Les guichets uniques portuaires peuvent démontrer l’amélioration des conditions d’affaires sur un port ou sur un corridor de transport; voire devenir de précieux outils d’aide à la décision.
Pour conclure les échanges, la réduction des coûts de transaction passe par des solutions collaboratives renforçant la confiance entre services publics et opérateurs privés. De nouveaux modèles de gouvernance et de développement doivent être pensés sans menacer les périmètres régaliens. Dans ce sens, l’initiative novatrice au port de Cotonou a été présentée par Bureau Veritas. Un guichet unique portuaire est en cours d’implantation selon un format de concession original qui implique communautés publiques béninoises et acteurs privés.