« Nous faisons de notre mieux avec des moyens limités pour lutter contre la piraterie. C’est maintenant aux compagnies et à leurs commandants de renforcer leurs navires contre elle », a souligné Stein Hagalid, officier norvégien représentant le centre naval de l’Otan, lors de la conférence Chemical & Product Tanker qui s’est tenue à Londres du 8 au 11 mars. Pour bien se faire comprendre, l’officier a annoncé la mise en œuvre d’une politique de « médiatisation » (name & shame) des armateurs dont les navires ne suivent pas les recommandations de prudence formulées par les autorités militaires ou leurs avertissements de présence de pirates. Les États d’immatriculation seront informés du comportement des navires « distraits ». Pour l’instant, il n’est pas question de diffuser ces listes aux médias. Mais à en juger par les choix du Mémorandum de Paris sur le contrôle des navires par l’État du port et des US Coast Gards relatives à la diffusion des noms des navires sous-normes et de celui de leur exploitant, l’effet pédagogique sera bien meilleur lorsque le nom de l’armateur peu soucieux de sûreté sera connu de ses assureurs et de ses affréteurs réels ou potentiels.
Toujours lors de cette conférence, le secrétaire général de l’OMI, E.E. Mitropoulos, a souligné que les « compagnies doivent s’assurer que leurs équipages suivent rigoureusement les recommandations de l’OMI et le guide de bonnes pratiques dans sa plus récente édition et non pas seulement 20 à 40 % selon les constatations faites ».
Ces prises de position interviennent après la diffusion d’un rapport qui souligne, entre autres, le comportement perfectible de certaines compagnies maritimes ou de leurs équipages (JMM du 11/2, p. 11).
E.E. Mitropoulos en a profité pour rappeler une évidence peu évoquée et qui dépasse de loin les marines de guerre: « Bien que la piraterie soit un acte maritime, ses racines sont à terre. […] La seule solution réelle pour résoudre ce problème à long terme consiste à se concentrer sur la dissuasion, la sécurité, l’État de droit et le développement. »
Mieux qu’un MBA en termes de ROI
Le 10 mars, une dépêche de l’agence Reuters a dressé le portrait « flatteur » d’un jeune Somalien de 27 ans, Saeed Yare, qui deux ans après être « entré en piraterie », est devenu multimillionnaire en dollars. « Le business de la piraterie, c’est comme être président. Une fois que l’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer tant le goût est sucré. » Fils de pêcheur, il vend du khat à l’adolescence, puis devient « simple pirate » pour accéder à un bien meilleur niveau de vie. Il investit maintenant dans les actions de piraterie et, à ce titre, perçoit 35 % des rançons versées. Les assaillants empochent la moitié, et les « petites mains » restées à bord du navire, le solde.
Certains gangs reversent jusqu’à 200 000 $ aux villageois à chaque versement de rançon. Mais ailleurs, elles doivent être partagées avec des mouvements islamiques.
Une instance de concertation pour les terminaux méthaniers régulés
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a annoncé la création d’une instance de concertation sur les conditions d’accès aux terminaux méthaniers régulés. La CRE a chargé Elengy et la STMFC, les deux opérateurs des trois terminaux méthaniers français, de l’organisation logistique de cette instance. La demande de la CRE est fondée sur le constat que « dans un passé récent, de nouveaux acteurs sur le marché français du gaz naturel ont réservé des capacités croissantes sur les sites français. Compte tenu de la présence de deux opérateurs distincts en France, il y a lieu de reconsidérer les modalités d’élaboration des conditions d’accès aux terminaux ». Il s’agit notamment de revoir la définition des règles de partage d’accès aux terminaux. L’objectif de la CRE est de renforcer la concurrence « en apportant des avantages significatifs aux acteurs du marché, notamment en matière de transparence » et de prévenir « la création de différences non justifiées entre les conditions d’accès aux différents terminaux tout en tenant compte des spécificités, notamment techniques, de chacun des trois sites français ». Une première réunion de la nouvelle instance est programmée pour la mi-mai 2011. Par ailleurs, la CRE a indiqué que l’utilisation des terminaux français en 2010 a été « satisfaisante ». Le volume total de gaz déchargé est en progression d’environ 10 % par rapport à 2009, lié à l’entrée en service de Fos Cavaou et des conditions de marché favorables. Les taux d’utilisation des capacités techniques vont de 61,6 % pour Montoir à 69,6 % pour Tonkin et 84,3 % pour Cavaou. Les taux de souscription sont de 95 % pour les deux sites marseillais et de 100 % à Montoir. Ce dernier a vu augmenter son nombre de souscripteurs grâce à 10 déchargements « bandeau » et 4 « spots ». Enfin, Tonkin a vu chuter son activité de près de 30 % suite à la mise en service commerciale de Cavaou en avril 2010.