Parmi les conteneurs importés en région Rhône-Alpes, 51 % transitent par les ports nord-européens et non par Marseille, pourtant plus proche. Pourquoi Anvers et Rotterdam sont devenus les premiers ports de Méditerranée et pourquoi Barcelone, Valence, Marseille ou Gênes, pourtant idéalement situés, n’ont pas littéralement explosé? Une question largement abordée lors du séminaire Transport de MedGouvernance, le 17 février à Marseille, dont l’objectif consiste à élaborer des recommandations politiques en vue d’une construction de l’espace Méditerranéen qui intègre les acteurs régionaux. L’insuffisance d’intégration des modes de transports et les goulots d’étranglements expliquent en partie la stagnation des ports du sud de l’Europe. « Le Benelux est le centre européen de distribution et possède un dispositif logistique », explique Christian Reynaud, chercheur en transport. De plus, l’arrivée sur le marché de navires de 13 000 EVP à 14 000 EVP va considérablement limiter le nombre d’escales en Europe et le projet de création « d’une dorsale ferroviaire qui s’appuie sur le port de Gibraltar et qui remonte vers le nord de l’Europe » est une menace supplémentaire pour les ports de Méditerranée. « Il faudrait améliorer la gouvernance dans le secteur des transports, promouvoir la convergence normative (écartement des rails, taille des tunnels), réaliser des investissements stratégiques et limiter l’effet des frontières sur les chaînes logistiques », suggère Maxime Weigert.
Réseaux transméditerranéens de transport
Saisissant l’occasion de la révision des réseaux transeuropéens de transport, les régions du Sud plaident pour une connexion au RTE-T. « Nous avons obligé la Commission à développer le réseau transméditerranéen de transport car il y a une mauvaise coopération Sud-Sud. Désormais, nous parlons de connexion entre les réseaux européens et ceux des pays du Sud. La coopération méditerranéenne (Part) est la feuille de route de la coopération multilatérale dans les transports où sont évoqués à la fois le financement du réseau et les projets prioritaires », explique Saki Aciman, directeur général du Cetmo (Centre d’études des transports pour la Méditerranée occidentale) qui s’est exprimé lors du séminaire transport de MedGouvernance.
En matière d’intégration des modes de transports, Meda Mos, programme européen destiné à développer les liaisons maritimes entre les ports hors UE (Maghreb) et ceux du sud de l’Europe, n’a pas remporté le succès escompté. Il en est de même des autoroutes de la mer qui doivent faire face aux « obstacles politiques et à l’inégalité des niveaux de développement », selon Maxime Weigert, chargé de recherche à l’Ipemed (Institut de prospective du monde méditerranéen). Considérer les autoroutes de la mer comme un Sieg (Service d’intérêt économique général) pourrait aider à leur développement, selon Jean-Marie Millour du cabinet BP2S avec des bénéfices tant au niveau social, environnemental, culturel que politique.
Une stratégie concertée de développement des transports pourrait se faire dans le cadre de la macrorégion de Méditerranée dont la vocation est de coordonner les politiques communautaires sur la période 2014-2020. « Nous partons avec un retard certain en Méditerranée. Il existe des sommets transports mais il n’y a pas vraiment de tradition de coopération. La politique de voisinage est concentrée sur une approche bilatérale et l’approche multilatérale est le parent pauvre, le tout dans un contexte politique très difficile », explique Philippe Cichowlaz, chargé du programme Med au Conseil régional Paca. Vu le contexte politique actuel le rééquilibrage vers le sud devra attendre encore un peu.