Le 18 janvier, Jacky Bonnemains, animateur de l’organisation écologiste Robin des bois, présentait la 22e édition du Bulletin (trimestriel) d’information et d’analyses sur la démolition des navires dénommé « À la casse.com » et téléchargeable sur le site de l’ONG. Le no 22 couvre donc la période du 16 octobre au 31 décembre. En 39 pages, Robin des bois y fait une sorte de tour du monde des navires envoyés à la casse et de l’état de la législation des États démolisseurs et de ceux qui disent se préoccuper des conditions sanitaires et environnementales de cette activité. Le ton est plus « ship lover » ou anecdotique que juridique ou technique. La collaboration de Gérard Cornier expliquant peut-être cela.
Si durant la conférence de presse, la seule unité de compte évoquée était le nombre de navires démolis, Robin des bois dispose de statistiques plus significatives. Ainsi en 2010, et selon l’ONG, ont été ferraillées plus de 6,416 Mt lèges contre 1,8 Mt lèges en 2006; dont 43 % en Inde, 18 % au Bangladesh, 16 % en Chine et 12 % au Pakistan. La Turquie a démoli 4 % de ce tonnage, mais avec 136 navires « scrappés », sa part de marché a été de 14 %, juste devant la Chine qui a représenté 13 % des 952 navires démolis en 2010. Le prix de la tonne lège en Asie a régulièrement monté pour se situer entre 440 $/t et 550 $/t. Même la Turquie a augmenté son prix d’achat qui atteint les 300 $/t.
La Turquie est la « révélation de l’année », estime Robin des bois, car elle a triplé son nombre de navires démolis grâce à la « rationalisation du couple sidérurgie/démolition et l’amélioration des pratiques de démolition, à sec, avec collecte des déchets liquides et mise en place de barrages pour protéger la mer des pollutions ».
Les États-Unis dans le collimateur
L’ONG est moins favorable aux États-Unis qui « jouent l’hypocrisie avec le démantèlement des vétérans de la flotte de réserve et d’une poignée de tankers et de porte-conteneurs de la flotte de commerce dans les chantiers du Texas et de Louisiane. Cette pratique qui se veut exemplaire est démentie par l’exode vers l’Asie d’une cohorte de navires américains tardivement dépavillonés, rebaptisés à la hâte et sommairement désaméricanisés. Le ferraillage de ces navires en Asie, alors qu’ils étaient affrétés par le commandement militaire américain ou qu’ils appartenaient à des groupes pétroliers, empêche la filière américaine de décoller et se fait à l’encontre des réglementaires environnementales en vigueur aux États-Unis ».
Jacky Bonnemains était particulièrement remonté contre les conclusions de la mission confiée à Pierre Cardo, député des Yvelines, sur « l’étude de la pertinence d’une filière industrielle française » de démantèlement de navires. Elle a « littéralement enseveli sous les sarcasmes et les imprécisions les quelques velléités industrielles et collectives nées de l’affaire du Clemenceau ».
« Association de protection de l’Homme et de l’environnement », Robin des bois semble peu inspirée par le concept d’acceptabilité sociétale de cette activité.