Un serpent de mer qui dure depuis plus de 125 ans. Lors de la guerre du Pacifique (1879-1884), la Bolivie a perdu son accès à l’océan suite à sa défaite contre le Chili (voir carte). Depuis, la Bolivie n’a jamais renoncé à récupérer un débouché sur la mer, soit par le Pérou soit par le Chili. Une nécessité vitale pour le développement de son économie, d’autant plus que la présence des Andes complique le désenclavement du pays par voie terrestre. Malgré des améliorations, avec l’arrivée à la tête de l’État d’Evo Morales en 2005, réélu en 2009, la Bolivie demeure l’un des pays les plus pauvres de la planète. L’absence d’un accès à la mer peut expliquer le sous-développement du pays, relèvent des études de l’ONU. Certains économistes estiment que le fait de ne pas avoir de port coûte environ 0,7 % du PIB à un pays. Cette question de l’accès à la mer pour favoriser l’essor du pays est devenue encore plus cruciale au milieu des années 1990 avec la découverte de gisements de gaz naturel dans la partie Sud de la Bolivie. Pour l’instant, cette nation ne peut exporter son gaz que par oléoduc vers le Brésil et l’Argentine. Seul un accès à l’océan Pacifique et un port doté d’un terminal méthanier pourraient permettre à la Bolivie d’exporter son gaz naturel sous forme de GNL. Pour obtenir cela, la Bolivie est tributaire de négociations avec le Pérou et le Chili.
Des attitudes plus positives
Par rapport au Chili, début janvier 2011, Alvaro Garcia, vice-président de la Bolivie, s’est déclaré « confiant sur une attitude plus positive du président chilien Sebastian Pinera » sur la question de l’accès maritime. Le président chilien aurait précisé qu’une solution pourrait être envisagée à l’horizon 2012. Cette déclaration fait suite à une dynamique de rapprochement entre les deux pays tout au long de l’année 2010. Sebastian Pinera, élu président en février 2010, a fait connaître sa volonté de trouver une solution au problème d’accès à la mer de la Bolivie, en offrant de mettre à la disposition le port d’Iquique. Il s’est aussi engagé à rouvrir la ligne de chemin de fer Arica-La Paz en 2012, qui a fonctionné de 1913 à 2005, et censée compenser la perte bolivienne d’accès à la mer. Du côté du Pérou, le gouvernement, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a réagi en assurant que le pays ne fera pas d’obstacle à la recherche de solution pour désenclaver la Bolivie. Mais surtout, en octobre 2010, le président du Pérou Alan Garcia et son homologue bolivien ont signé un accord de relance économique qui concède à la Bolivie un accès permanent à l’océan Pacifique via le port péruvien d’Ilo. Une zone économique spéciale va être créée à l’intérieur de l’espace portuaire d’Ilo pour accueillir les exportateurs, importateurs et producteurs boliviens, exonérés de toutes taxes, a annoncé Alan Garcia. Cette zone franche industrielle et commerciale devrait s’étendre sur 17 km et être concédée pour une durée de 99 ans. Le texte prévoit également « un point d’ancrage concédé à la Bolivie pour ses navires commerciaux et/ou militaires ». Cet accord complète celui de 1992, qui permettait déjà le libre transit des marchandises boliviennes par Ilo, mais sans zone spécifique dans l’enceinte portuaire. Si la Bolivie est encore loin de la création d’un terminal méthanier pour exporter son gaz naturel sous forme de GNL, le règlement de la question de son accès à la mer avance toutefois à petits pas.
D’importantes réserves prouvées
Les réserves prouvées de gaz naturel de la Bolivie atteindraient 700 Mdm3. Avec un tel niveau, la Bolivie se place en deuxième position derrière le Venezuela en matière de réserves prouvées en Amérique latine. Il faut toutefois prendre ces chiffres avec quelques précautions, le président du groupe public bolivien d’hydrocarbures (YPFB), Carlos Villegas, ayant indiqué en novembre 2010 qu’il se pourrait que les réserves prouvées du pays soient inférieures de moitié, soit 360 Mdm3. La Bolivie rétrograderait alors à la troisième place derrière l’Argentine.