Au cours des deux derniers mois, ce sont quelque 40 navires qui ont été attaqués par des pirates somaliens. Si les Nations Unies augmentent le niveau d’alerte dans la région, les armateurs devront couvrir leurs navires et leurs marchandises sous le risque de guerre. Un coût supplémentaire qui sera à l’évidence répercuté sur le consommateur final. Des chiffres publiés par SAP (Seafarers Assis- tance Program, programme d’assistance aux marins), basé à Mombasa, montre que les chargeurs payent déjà une surcharge de 95 $ pour chaque EVP et de 15 $ par tonne de céréales ou de pétrole importée. Les armateurs vont devoir payer plus en soute en raison des routes empruntées au plus large des côtes de la Corne d’Afrique. Les navires en provenance de Mumbai en Inde affichent un temps de transport de 18 jours contre 12 jours auparavant, et ceux en provenance de Dubaï mettent 12 jours pour rejoindre le port kényan contre sept, pour éviter tout risque d’attaque. Au final, ce sont quelque 200 M$ de frais supplémentaires pour importer des marchandises dans la région. Les ports est-africains de Dar Es Salaam et de Mombasa sont devenus les plus chers du monde.
Dans ces conditions, les autorités kényanes ont indiqué qu’elles ne pouvaient plus supporter le coût des poursuites en justice et des emprisonnements des pirates dans des prisons déjà surpeuplées. Par ailleurs, tant au Kenya qu’en Tanzanie, le tourisme a été sévèrement touché et les escales des navires de croisières sont inexistantes.
Frederick Wahutu, directeur général de l’Association des agents maritimes kényans, a rappelé que lorsqu’une zone est déclarée « zone de guerre » ou « eaux dangereuses », la majorité des armateurs mettent un terme à leur service. Le Kenya a déjà été au-devant de la scène quand l’ITF (International Transport Federation) a déclaré le Golfe d’Aden en zone de guerre et s’est opposé à toute escale des navires opérant pour l’ONU.