C’est dans locaux du Service hydrographique et océanographique de la marine (Shom), à Brest, que s’est tenue, les 28 et 29 septembre la 29e conférence de la commission hydrographique de la mer du Nord. Attentivement suivie par le vice-amiral Alexandros Maratos, président de l’Organisation hydrographique internationale (OHI), basée à Monaco, cette commission hydrographique est l’une des plus anciennes des quatorze existantes, puisque bientôt âgée de 50 ans. « Ses productions contribuent de manière indiscutable et incontournable à l’accroissement de la sécurité de la navigation et de la protection de l’environnement » souligne le président de l’OHI.
Pour le Danois Svend Eslildsen, président de cette commission régionale, la notion de mer du Nord s’est élargie. Aux pays directement intéressés (France, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Danemark, Norvège, Pays-Bas) se sont en effet joints l’Irlande, l’Islande et la Suède.
Ce type de conférence n’est pas une réunion mondaine. Il s’agit bien d’une réunion de travail au cours de laquelle de nombreux points sont abordés. « Nous avons besoin d’échanger des informations pour vérifier la cohérence des données mises à disposition des utilisateurs, ainsi que celle des programmes de levés hydrographiques, commente Bruno Frachon, directeur général du Shom et coprésident de cette conférence. On comprend bien qu’en passant d’une carte marine à l’autre, les navigateurs doivent pouvoir compter sur une certaine continuité. »
De nouveaux défis à relever
Et qui dit cohérence des informations en aval dit forcément coordination des recherches en amont. Cette 29e conférence a souligné cette nécessaire coordination des pays bordant les mers couvertes par les cartes et les documents nautiques. C’est tout l’objectif de ces rencontres qui, tenues tous les deux ans, abordent des sujets techniques d’intérêt général donnant lieu à des orientations ou à des décisions comme celles concernant, par exemple, les schémas cartographiques, la normalisation des symboles ou l’harmonisation linguistique. « Le détroit du Pas-de-Calais en est l’exemple type, poursuit le directeur général du Shom. Un certain nombre de bancs de sable se déplaçant en permanence sont potentiellement dangereux pour la navigation et nécessitent une étroite collaboration entre les pays riverains. »
Mais l’hydrographie a également changé de visage. « Aujourd’hui, les marines militaires ne sont que des clients comme les autres, précise le président Svend Eslildsen. Nos produits intéressent une plus grande communauté d’utilisateurs dont les besoins spécifiques amènent de nouvelles problématiques. » La protection de la ressource, de l’environnement ou du littoral en sont quelques exemples, au même titre que les activités nouvelles de fermes éoliennes. « Ce sont de nouveaux défis à relever », commente Bruno Frachon.
La commission a également été partie prenante d’une forte montée en puissance de la directive-cadre européenne sur la stratégie du milieu marin dans les États membres, décidée en 2006. Même les pays qui ne font pas partie de l’Union européenne sont touchés par les orientations prises par la commission. Tendant vers une alliance des flottes européennes de navires de recherche, le projet Eurofleets a également été évoqué. « Mais la commission traite bien plus des méthodes et des programmes d’activité que de coopération sur les moyens techniques », conclut le directeur du Shom en précisant que les flottes hydrographiques ne font pas partie de ce projet.