Christian Leroux, le président de l'Union maritime et portuaire (Umep), ses vice-présidents, le président du Groupement des employeurs de main-d'œuvre (Gemo), Christian de Tinguy, mais aussi Jean-Louis Le Yondre pour les transitaires, Jean-Marc Peltier pour les armateurs et agents maritimes, François Le Guern pour les pilotes… Au total, c'est une délégation de quinze représentants du monde des entreprises maritimes et portuaires qui vient d'en appeler de manière solennelle à l'État, via le sous-préfet du Havre, pour trouver une solution à la crise sociale dans le port du Havre. Une crise entre la direction du Grand Port maritime du Havre et le syndicat du personnel CGT. Une crise liée à l'application de la réforme portuaire votée il y a deux ans.
« Une stratégie suicidaire »
Pour l'heure, aucun accord local n'est trouvé et la situation semble dans l'impasse. D'où une forte montée d'inquiétude du côté des employeurs. « Depuis la fin 2009, nous en sommes à 700 licenciements dans les entreprises », souligne Jean-Louis Le Yondre. « Et notre crainte fondamentale, ajoute le président du groupe Tramar, ce sont les futurs licenciements ». De nombreuses entreprises, de transport notamment, seraient aujourd'hui au bord du gouffre. « De notre côté, nous tenons en puisant dans nos réserves », note André Aubée, de la Compagnie nouvelle de manutention portuaire.
C'est par le biais d'une motion que les représentants des entreprises se sont adressés à l'État. « La conclusion des négociations au mieux des intérêts de tous constitue un véritable enjeu économique et social, non seulement pour le territoire haut et bas-normand, mais également pour le commerce extérieur de la France. Les six cents entreprises que fédère l'Umep
« Le temps joue contre nous », estime André Aubée. « Pendant ce temps, ajoute Jean-Louis Le Yondre, nos concurrents affichent des taux de croissance à deux chiffres ». « Nous n'avons aucune lueur d'espoir », explique de son côté Christian Leroux, inquiet pour la situation de l'emploi sur la place havraise. « Depuis 2000, dit-il, l'emploi dans les entreprises a progressé de 6 % tous les ans jusqu'en 2007. Depuis 2007, plus rien. » Mais pour Jean-Louis Le Yondre, la situation peut vite s'inverser… « Si la paix et la fiabilité reviennent sur le port, dans deux ans, ce sont deux mille emplois qui seront créés », estime le président des transitaires.
Pour l'heure, en tout cas, l'urgence est de trouver une solution au conflit auxquels assistent les entreprises. « Les mouvements de grève à répétition et les opérations coup-de-poing ont pour résultante des suppressions d'emplois, des plans de chômage partiel et de risques avérés de fermeture d'entreprise, une image de marque totalement écornée auprès des clients importateurs, exportateurs et des armateurs, qu'ils soient français ou étrangers, ainsi qu'une perte de confiance qui se traduit dans les faits en termes de baisses de volumes des marchandises », indique encore la motion qui souligne, par ailleurs, que « si l'objectif est de bloquer indéfiniment le dialogue jusqu'en avril 2011, date butoir fixée par la loi, il s'agit d'une stratégie suicidaire qui nuira autant aux personnels concernés par la loi qu'à toutes les entreprises de la place ».
« Incitation à la violence »
De son côté la CGT du port, conduite par Patrick Deshayes, le secrétaire général, devait rencontrer le préfet de Seine-Maritime en début de semaine. Objectif, « l'interpeller sur ce qui se passe au Havre ». La CGT s'estime victime des « attaques des patrons ». « Le corporatisme patronal accuse les salariés. Nous ne sommes pas des délinquants, pas plus que nous sommes des nantis comme ils veulent le laisser croire. Nous défendons les intérêts des salariés. Nous ne pouvons accepter leur tentative de diviser les travailleurs », explique Patrick Deshayes dans les colonnes du Havre Libre.
Pour la CGT, les représentants des employeurs chercheraient à lui faire porter la responsabilité des licenciements dans les entreprises: « C'est de l'incitation à la violence, estime Patrick Deshayes. Ceux qui en sont à l'origine devront en porter la responsabilité. La CGT n'a pas décidé d'une loi sur la réforme, les conséquences appartiennent à ceux qui la soutiennent. Notre combat est légitime, nous ne signerons pas un chèque en blanc qui mettrait en péril nos collègues », explique la CGT qui ajoute que, si « nous sommes entendus, nous pouvons sortir de ce conflit avec un accord local où tous les acteurs de la place portuaire seront gagnants ».
Réunie récemment en cellule de crise, l'Umep a exprimé le « soutien sans réserve de la place portuaire » au président du Directoire du GPMH, Laurent Castaing.