Le nouveau plan Orsec Atlantique testé à Brest

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Variant les types d'accidents, c'est un exercice Orsec HNS (Hazardous Noxious Subtancies) qu'a concocté cette année la Premar de Brest. Au nord du DST d'Ouessant, dans du gros temps, le porte-conteneurs Otello de 8 500 EVP de la CMA-CGM signale la perte de 2 % du volume de ses conteneurs chargés en pontée. Une partie est perdue à la mer, une autre endommagée et une troisième est désarrimée sur le pont. Une équipe d'évaluation est alors envoyée à bord par les moyens aériens disponibles. Si le navire conserve sa capacité propulsive et une stabilité satisfaisante, la nature de la cargaison fait apparaître une proportion significative de mar- chandises dangereuses. Le risque chimique est alors rapidement identifié, avec une intoxication possible d'une partie de l'équipage. Le dispositif Orsec est activé au niveau 3, c'est-à-dire le plus haut.

Toutes les dispositions de ce dispositif maritime sont alors mises en œuvre. « Ce document est une refonte des anciens plans, particularisés à un type de sinistre, qui ont été regroupés en un seul texte composé d'un tronc commun applicable en toutes circonstances et de déclinaisons propres à certains risques particuliers », commente-t-on à la Premar de Brest en citant le secours à victimes, l'assistance aux navires en difficulté ou encore la lutte contre les pollutions marines.

Les problématiques des ports-refuge

Un des objectifs généraux de l'exercice du 5 mai a consisté à mettre en œuvre les principes du dispositif Orsec, volets Polmar et Assistance aux navires en difficulté (Aned). Il a également permis de tester la collaboration et la concertation entre la préfecture maritime, les autorités préfectorales (zone Ouest et préfectures du Finistère et des Côtes d'Armor) et portuaires (Conseil régional de Bretagne, GPM de Nantes/Saint-Nazaire) pour les parties port-refuge, prévisions de dérive et analyses des risques. Il a enfin permis de tester le fonctionnement des cellules d'experts au sein du Centre de traitement de crise (CTC) en lien avec le réseau de l'Agence européenne de sécurité maritime (Emsa), « Mar-Ice ».

D'un point de vue opérationnel, l'exercice grandeur nature a également servi à vérifier la mise en œuvre de l'équipe d'évaluation et de celle d'intervention « chimique » des marins-pompiers de Brest sur un navire de commerce. Il a aussi permis de tester la coopération avec la cellule de crise de l'armateur CMA-CGM et, enfin, de présenter pour la toute première fois le Centre traitement de crise (CTC) à la préfecture maritime. Monté de bric et de broc et à la va-vite, chaque fois que les événements de ces dernières années l'ont rendu nécessaires (Erika, Prestige, Rokia Delmas, Ievoli Sun…), ce CTC est désormais dans un lieu dédié de la préfecture maritime, très près d'une salle réservée à la presse et offrant des équipements adaptés à ses besoins. Une évolution qu'il convient de saluer…

Tous les enseignements d'un tel exercice grandeur nature vont bien entendu être disséqués dans les semaines qui viennent. Mais un constat s'impose déjà. Dans le cas fictif de l'Otello, les autorités maritimes et terrestres françaises se sont concertées pour déterminer un lieu d'accueil adapté aux circonstances. Et il n'y a pas eu photo. Dans un pareil cas, le porte-conteneurs de 335 m de long aurait été contraint de revenir au Havre, seul port de la Manche à pouvoir traiter des conteneurs sur un navire de cette taille. Et, in petto, les spécialistes de la Premar de Brest se demandent même comment ils feraient si un cas identique se produisait dans le golfe de Gascogne…

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