La prédécente réforme portuaire en Italie remonte à 1994. Son principal objectif a été de donner de l’autonomie aux autorités portuaires. Depuis lors, plusieurs textes ont été proposés sans pour autant aboutir. Le gouvernement de Silvio Berlusconi s’est attelé à cette tâche. En présentant son projet de réforme des ports, lors du conseil des ministres du 16 avril, Altero Matteoli, ministre des transports, engage un processus législatif sur le sujet. « Notre système portuaire n’est pas en mesure de répondre aux exigences économiques du trafic maritime. Le texte donne de nouvelles orientations pour les autorités portuaire et maritime; elle gère le travail temporaire et sur les concessions des terminaux; il requalifie les circonscriptions portuaires », a indiqué Altero Matteoli lors du conseil des ministres.
Le projet de réforme portuaire italienne s’appuie sur cinq piliers, a expliqué le ministre italien des transports. Le premier vise à donner une définition claire du rôle des autorités portuaires dans leur gouvernance tout en respectant les prérogatives des régions. Le second volet porte sur les rapports entre les ports et le territoire, les ports et les réseaux d’accès et la problématique du dernier kilomètre. Le troisième volet concerne les modalités d’attribution des terrains portuaires, d’approbation des plans de développement des ports et des dragages. Le quatrième porte sur l’aspect social avec une « stabilisation du travail portuaire ». Enfin, le dernier point de cette réforme fait référence à un renforcement des investissements portuaires au travers d’un fond pour les infrastructure qui existe déjà.
Dans une conférence de presse, le ministre a souligné que le gouvernement a travaillé sur le texte de cette réforme avec le Parlement. « Elle vise à moderniser l’activité, le rôle et l’efficacité des ports », a souligné le ministre.
L’absence d’autonomie financière
Ces différents points sont en toute part comparable à la réforme portuaire actuellement en route dans les anciens ports autonomes français. La gouvernance prend une large place dans la réforme de la péninsule transalpine ainsi que les investissements portuaires. Sur l’aspect social, la « stabilisation du travail portuaire », tel que défini par le ministre italien des transports, ne semble pas faire d’opposition de la part des syndicats.
L’opposition à cette réforme vient surtout des directions opérationnelles des ports. Luigi Merlo, président de l’autorité portuaire de Gênes s’est indigné de ce projet de loi. « Une loi qui ne prend pas en considération l’autonomie financière est destinée à faire mourir les ports italiens. Je pense que nous pourrons faire modifier ce point lors de la discussion de ce texte devant la conférence État- Région et au Parlement. » Et le président de l’autorité portuaire génoise a continué en expliquant chiffres à l’appui ses revendications. Les ports italiens reçoivent quelques 2 Md€ par an de recettes. « Il nous paraît juste que nous en gardions une partie pour réinvestir dans des infrastructures. » Aujourd’hui, le gouvernement attribue une enveloppe de 80 M€ aux ports. « Si nous devions mener à bien nos principaux projets, nous aurions besoin, à Gênes, de 70 M€. Ce qui signifie qu’il n’en reste que 10 M€ pour les autres ports italiens. Les ressources pour notre développement doivent être prises sur nos recettes. »
Un cheval de bataille enfourché aussi par le président d’Assoporti, association regroupant les autorités portuaires italiennes, Francesco Nerli. « Sans autonomie financière, nous devrons attendre le bon vouloir de l’État pour investir dans de nouvelles infrastructures », a commenté Francesco Nerli. Cette absence d’autonomie financière ne sera pas sans effets sur la compétitivité des ports. De plus, le président d’Assoporti s’est alarmé de la confusion qui risque de déboucher entre les différentes autorités sur des sujets complexes comme la sécurité ou la sûreté.
Au final les professionnels refusent une loi qui « ne contient pas l’essentiel ni les moyens pour adapter le système portuaire aux exigences internationales actuelles. »