Dans son rapport 2009 sur le transport maritime, la Cnuced souligne que, malgré la crise économique mondiale, le produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique a augmenté de 5,1 % en 2008 grâce à la demande élevée, aux investissements accrus, aux annulations de dettes, aux augmentations des exportations hors carburants et à la stabilité politique et sociale. Toutefois, la croissance n'est pas uniforme. Le PIB des pays de l'Ouest a progressé de 5,4 % et celui de ceux du centre de 4,9 %, mais ceux des pays du Nord, de l'Est et du Sud ont diminué. Les pays les plus performants sont les producteurs de pétrole, qui représentent 53,3 % du PIB du continent. Le commerce extérieur de l'Afrique a totalisé 782 Md$ en 2007 (2,7 % du total mondial). Les échanges se font surtout avec l'Union européenne (40 % des exportations) et l'Amérique du Nord (25 %). Principaux pays exportateurs, l'Algérie, le Nigeria et l'Afrique du Sud ont exporté pour 195,5 Md¤ en 2007 (1,9 % du total mondial). Principaux pays importateurs, l'Algérie, l'Égypte, le Maroc, le Nigeria, l'Afrique du Sud et la Tunisie ont importé pour 225,9 Md$ (2,3 % du total mondial) la même année.
Sur le plan maritime, l'Afrique est desservie par quelques grands armements : A.P.Møller-Mærsk, MSC, Safmarine, Mitsui OSK Lines, Deutsche Afrika Linien et CMA CGM. La Cnuced a établi, au niveau mondial, un indice de connexions aux services de lignes (liner shipping connectivity index, LSCI) par pays selon cinq critères : nombre de navires, leur capacité d'emport de conteneurs, la taille maximale du navire et le nombre de compagnies maritimes. En 2009, la Chine arrive en tête avec l'indice 132, devant les autre pays d'Asie et ceux d'Europe. En revanche, les indices des pays d'Afrique sont en dessous de la moyenne mondiale. Les mieux placés sont l'Égypte (52), le Maroc (38,4) et l'Afrique du Sud (32,1). Depuis 2004 et tant en Afrique que dans le monde, la Cnuced note que le nombre de navires par pays, la capacité en EVP et la taille maximale moyenne du navire ont augmenté, mais que le nombre de services de lignes a baissé. En cinq ans, le nombre d'armements internationaux est passé de 61 à 47 pour l'Égypte et de 38 à 30 pour l'Afrique du Sud. En bas de l'échelle, il n'y a qu'une seule compagnie maritime internationale pour l'Erythrée, les Seychelles... et la Somalie où sévit la piraterie !
Les connexions interafricaines sont souvent déterminées par les liaisons avec l'Europe et l'Asie surtout et, dans une moindre mesure, avec les Amériques. Ainsi, l'Afrique de l'Ouest est bien connectée à l'Europe, mais pas du tout avec celles de l'Est et du Nord. À titre d'exemple, 15 compagnies assurent des liaisons directes entre la Côte d'Ivoire et le Ghana, mais aucune entre la Côte d'Ivoire et le Kenya ou l'Algérie. De même, 12 desservent directement le Kenya et la Tanzanie, mais aucune ne relie l'Afrique de l'Ouest à celle du Nord. Les trafics maritimes entre les deux côtes africaines dépendent des services de transbordement, surtout via l'Afrique du Sud... ou l'Europe !
Les pays enclavés
Selon la Cnuced, 16 des 31 pays enclavés en développement sont parmi les plus pauvres du monde et, parmi ces 31, 15 se trouvent en Afrique. Les pays africains enclavés sont affectés par le coût élevé du transport des marchandises et l'incertitude des délais de leur livraison. Ainsi, le Burundi, la République centrafricaine, le Mali et l'Ouganda dépensent entre 15 % et 50 % de leurs recettes d'exportations en frais de transport ! En conséquence, les prix des marchandises importées sont de trois à cinq fois supérieurs à la moyenne mondiale. D'après la Banque mondiale, le coût de transport d'un conteneur d'un pays enclavé vers un port d'un pays développé est d'environ 20 % plus cher qu'à partir d'un pays côtier. Ce surcoût est en effet affecté par des chaînes de transport rendues peu fiables par les procédures de transit inadéquates, la réglementation excessive, les contrôles multiples et la mauvaise qualité des services. En conséquence, ces pays développent les corridors de transit vers les ports de leurs voisins. La nouvelle liaison ferroviaire (770 km) entre Kigali (Rwanda) et le port tanzanien de Dar es-Salam, plus sécurisée, doit ouvrir en 2013.