En neuf pages de synthèse, le préfet maritime de Méditerranée note, dans cet ordre, que pour la première fois, des marins-pêcheurs ont été associés au dispositif de lutte contre les pollutions marines notamment dans la mise en oeuvre de chaluts récupérateurs. « Cette pratique devra être pérennisée afin de disposer sur la façade d'un nombre conséquent de professionnels de la pêche formés à intervenir en cas de sinistre ».
Après avoir rappelé que bon nombre de collectivités territoriales ont participé à l'exercice Euronyme (JMM du 5 juin ; p. 12 et 13), l'amiral Yann Tainguy note que la simulation des rôles et responsabilités de la préfecture des Bouches-du-Rhône (B-d-R) et de la zone de défense par la cellule d'animation de l'exercice n'a pu que « partiellement reproduire » l'action de ces acteurs « essentiels » du dispositif de lutte antipollution.
Traduction : comme déjà lors de l'exercice de 2006, la préfecture des B-d-R n'a pas souhaité « jouer » l'exercice et donc vérifier la disponibilité des moyens humains et matériels pour transporter vite et bien les équipements de lutte antipollution. L'exercice a été l'occasion « d'une prise de conscience de la perte de moyens humains et techniques nécessaires au déploiement des matériels des stocks Polmar terre, en conséquence de la restructuration des services de l'État ». La Préfecture maritime (Prémar) écrit par ailleurs que « quelques difficultés rencontrées au cours de l'exercice dans l'interface entre la mer et la terre n'ont pas pu être surmontées, du fait de l'absence de la préfecture des B-d-R et de celle de la zone de Défense. En effet, la préfecture du Var ne pouvait légitimement intervenir sur le territoire de la commune de La Ciotat, sans être expressément désignée comme coordonnateur de l'ensemble de la baie (de La Ciotat), considérée comme entité géographique, soit par la préfecture des B-d-R, soit par la préfecture de zone de défense ». Mais sur le terrain, la coopération opérationnelle a été « exemplaire ».
Quand à la zone de Défense, elle a, au dernier moment, fait savoir à la prémar qu'elle avait autre chose en faire.
Le préfet maritime retient que la mise en place pour la première fois d'un centre de traitement de crise conforme au plan Orsec, a mis en « exergue la nécessité d'améliorer la fluidité de la circulation de l'information » entre les différents modules. À l'avenir, la main courante et la documentation partagées au sein du centre de traitement de crise seront hébergées sur un portail internet, non protégé.
à des crises longues
Les salles de crise du Centre opérationnel de la Marine se sont montrées « pertinentes pour la gestion d'une crise courte ou des premiers jours d'une crise longue, en attendant la mise en place de locaux mieux adaptés ». Il est cependant apparu « indispensable » de disposer au sein de la préfecture maritime d'infrastructures capables, sur le long terme, d'accueillir, en un même endroit et avec les équipements informatiques et téléphoniques ad hoc, l'ensemble des modules composant le centre de traitement de crise. Ces infrastructures devraient être déployées avec « la plus grande réactivité, et au maximum en 24 heures ».
En attendant le grand jour, tous les experts sont invités à disposer de leur propre ordinateur portable sans oublier les clés 3G+ afin de ne pas dépendre des ressources informatiques « limitées » de la Prémar.
confusion médiatique
Dans le domaine de la communication, les délais résultant de la « validation systématique et réciproque » des communiqués de presse des autorités terrestres et maritimes sont apparus « incompatibles avec la réactivité nécessaire en cas de crise. L'orientation retenue pour l'avenir pourrait dès lors être celle de la communication de chacune des autorités dans son propre domaine de compétence, sans validation systématique réciproque ». Ainsi, l'absence de vision globale de la situation serait-elle encore plus perceptible, oserait-on penser.
Lacunes récurrentes
La mise en alerte de l'équipe d'évaluation et d'intervention (EEI) s'est faite « rapidement » (...). «Des lacunes en termes d'équipement ont été néanmoins mises en évidence (absence de matériel antidéflagrant, de tenues viking, de dictaphone,...)».
Déjà en 2004, lors de l'exercice Asgard de remorquage d'un pétrolier, la Préfecture maritime de l'Atlantique avait signalé la nécessité d'équiper l'EEI de matériels antidéflagrants (JMM du 2 septembre 2005 ; p. 10). Toutes les Préfectures maritimes sont destinataires des retex.
Au sujet du transport de l'EEI, la prémar rappelle que les moyens aériens des autres administrations, notamment la douane, peuvent être sollicités pour pallier « la faible capacité d'emport » de l'hélicoptère Dauphin.
La Prémar juge « indispensable » de clarifier au niveau interministériel la procédure de recours aux moyens de l'Agence européenne de sécurité maritime établie par le SG mer. Les partenaires étrangers (ici l'Espagne et l'Italie) « rappellent la nécessité de les informer » d'une crise dès son commencement, avant même le déclenchement des plans de coopération régionaux. Mais la coopération sur zone des moyens nautiques français et étrangers « s'est révélée très fructueuse ».
La Prémar demande également de rechercher un substitut aux hydrocarbures plus réaliste que la balle de riz, indétectable aux radars équipant les avions.
La détermination des zones d'exclusion aérienne (au dessus des nappes de pétrole) mériterait une approche plus scientifique, estime la prémar qui est « tranquille » pour 2010 et 2011. En effet les prochains exercices antipol seront organisés en Espagne et en Italie. Là où il est encore plus difficile de récupérer les retex.