Retenu par ailleurs, l'échelon ministériel n'a pu se rendre Place de la Joliette, précisait le directeur des Affaires maritimes. Mais c'est bien la volonté ministérielle qui a souhaité faire le point sur les résultats obtenus par le dispositif mis en place par la loi du 3 mai 2005 mais opérationnel qu'à partir de février 2006, et après le transfert des navires « TAAF » au « RIF ».
Un audit a donc été réalisé sur les « plus » et les « moins » du dispositif et, fin 2008, il fut décidé d'orienter les efforts vers un nouveau marché, celui de la plaisance professionnelle exploitant des unités de plus de 24 m armées avec un équipage professionnel permanent.
Pour cela, le RIF s'est mis en ordre de bataille : nouveau directeur, Amélie Chardin, jeune et dynamique administratrice en chef des Affaires maritimes ; nouveaux bureaux ; une « chargée de communication » déjà au fait des questions maritimes, Muriel Gignoux ; et avant l'été 2010, un inspecteur chargé des visites préalables des yachts susceptibles d'arborer le pavillon tricolore dans les plus belles marinas du monde et/ou de recevoir les plus hautes personnalités. Au total, cinq personnes armeront le RIF. Au 15 octobre, 11 yachts étaient déjà « français » et six devraient l'être prochainement.
Un pavillon « propre » et pas cher
Parmi les représentants des compagnies venus entendre leur tutelle, s'était glissée la « cible » 2010 : Loïc Lecourt gérant de la société Atalante Yachting gestionnaire de onze yachts de 25 à 102 m dont 5 sont immatriculés au RIF. À ce titre, il gère également environ 140 navigants dont 45 % sont français ; les officiers représentant entre 25 % et 30 % des effectifs. Le rôle d'Atalante peut également se limiter à la constitution du dossier de demande d'immatriculation. Ainsi a-t-elle cinq projets ou dossiers en cours. C'est à la demande express d'un propriétaire qu'Atalante a été amenée en 2007 à s'intéresser au RIF. Un premier yacht a servi de test ; un deuxième a confirmé la bonne impression et de « manille en maillon », neuf yachts y ont été immatriculés dont les 5 gérés par Atalante, explique, sans détour, Loïc Lecourt ; deux ont même quitté un registre « exotique » pour le RIF . Le Paloma n'en fait pas partie.
Deux conditions sont nécessaires pour amener un propriétaire à franciser son « jouet », estime le gérant d'Atalante : il doit être européen et ne pas rechercher l'opacité fiscale. Sous ces deux conditions, le RIF présente de nombreux avantages. L'instruction de la demande est facile grâce au guichet unique. La démarche est peu coûteuse ce qui, aujourd'hui, retient l'attention des propriétaires d'unités valant plusieurs dizaines de M$. Immatriculé dans l'Union européenne, le yacht de « commerce » bénéficie de plein droit de toutes sortes d'exonérations (TVA et taxes pétrolières) dans toute l'Europe. Ainsi son coût journalier devient-il compétitif par rapport à celui que permet une immatriculation « bordille ».
En outre, avec du « bleu, blanc, rouge » à la poupe, on passe partout sans problème, conclut, enthousiaste, Loïc Lecourt car « l'image de la France est très positive en la matière ». Il est moins enthousiaste en ce qui concerne les actuelles capacités d'expertise des quartiers maritimes qu'il fréquente et leur manque de personnel.
Un registre pour navigants français
Le meilleur prescripteur de l'inscription au RIF reste le commandant, français cela va sans dire, du yacht. Tout navigant français (et résident en France) y trouve un double intérêt : une couverture ENIM qu'il connaît bien et une exonération de l'impôt sur le revenu (IR) facilement acquise. En effet, précise la directrice du RIF, le registre luxembourgeois, par exemple, autorise l'exonération de l'IR en fonction du nombre d'heures de navigation effectives ; ce qui nécessite l'envoi à l'administration d'une copie du livre de bord. Une complexité coûteuse dont le RIF permet de faire l'économie, parmi d'autres. Mais ceci ne concerne que les propriétaires.
Ces derniers auraient également bien compris que l'exonération de l'IR peut limiter, à moindre coût, une inflation salariale.
Manque de cuisinier et de chef mécanicien
Si les clients d'Atalante Yachting ont trouvé une partie de leur bonheur à Marseille, ils ont encore bien des soucis du fait de la pénurie de cuisiniers et de chefs mécaniciens surtout dans la catégorie 3 000 kW. À tel point que Loïc Lecourt est obligé de faire « l'article » dans les écoles hôtelières afin de susciter les vocations. Mais les conditions salariales sont proportionnelles à la longueur du yacht. Ainsi sur une coque pontée de 50 m qui est le « coeur de cible » d'Atalante, un chef cuisinier de 5 à 10 ans d'expérience gagne-t-il entre 5 000 et 5 500 ¤ nets par mois sur une base de 12 mois. Le chef mécanicien s'en sort entre 6 000 à 7 000 ¤ nets/12 et le capitaine entre 12 000 et 14 000 ¤ nets/12. On ne manque pas, actuellement, de postulant à ce poste, ajoute Loïc Lecourt.
C'est en matière de congés payés que les choses se gâtent un peu : 3,5 jours/mois d'embarquement selon la convention collective. Pour compenser l'absence de CP durant la haute saison, Atalante accorde en plus 1,5 jours/mois.
Une certaine ambition maritime française est en train de prendre son envol afin d'unir sous un même pavillon, « l'étranger » et la « richesse ».
1 367 navigants
Selon les statistiques de l'administration, en 2008, il y a avait 1 367 marins du commerce, employés à la plaisance : 819 étaient en activité en métropole, 363 dans les Dom-Tom ; 148 à l'étranger et 37 sur des yachts immatriculés au RIF. En 2007, les chiffres étaient respectivement de 1342; 770 ; 372 ; 173 et 27 pour le RIF qui bénéficie donc d'une marge de progression significative.