Selon le dernier rapport trimestriel de l'International Maritime Bureau (IMB) de Londres, 661 navigants ont été pris en otages entre janvier et septembre, contre 581 un an auparavant. Dans le même temps, il y a eu 306 actes de piraterie (attaques effectives et tentatives), contre 199 il y a un an. Le nombre d'actes de violences varie selon leur type. Des pirates sont notamment montés à l'abordage de 114 navires (115), en ont détourné 34 (31), ont blessé 23 marins (22) et en ont tué 6 (9). Des armes à feu ont été utilisées dans 88 attaques, contre 23 entre janvier et septembre 2008.
Sur les 661 navigants pris en otages, 310 l'ont été dans le golfe d'Aden, 213 au large de la Somalie, 38 au large de la Malaisie et 28 en mer de Chine du Sud. Il y a eu 100 incidents dans le golfe d'Aden, contre 51 il y a un an, et 47 (12) au large de la Somalie.
Les pirates somaliens ont également procédé à 15 actes en mer Rouge, alors qu'il n'y en a eu aucun au cours des quatre années précédentes, un en mer d'Arabie (aucun il y a un an) et un en océan Indien (aucun). Au cours des neuf premiers mois, ils ont donc détourné en tout 32 navires, pris en otage 533 membres d'équipage et tiré sur 85 autres navires. Au 30 septembre, ils négociaient encore la libération de quatre navires et de plus de 80 navigants. Avec la fin de la mousson, ils devraient accroître leurs attaques. Le Nigeria reste la deuxième zone à risques avec 20 attaques (24) quoique, selon des sources extérieures, au moins 50 % des attaques n'ont pas été signalées notamment celles relatives à l'industrie pétrolière offshore. Sur les 20 incidents signalés, huit se sont produits autour du port de Lagos.
Vers l'armement des équipages de navires américains
Les équipages de navires américains seront bientôt armés, car les pirates somaliens n'hésitent plus à faire usage de leurs armes pour obliger les commandants à stopper leurs navires.
Ainsi à la suite des attaques en avril du porte-conteneurs Mærsk-Alabama et du cargo Liberty-Sun, tous deux sous pavillon américain, Frank LoBiondo, membre de la Chambre des représentants de Washington, prépare un projet de loi dénommé « US Mariner and Vessel Protection Act ». Il chargera l'US Coast Guard (USCG) de former les équipages de navires marchands à l'emploi des armes. En outre, il exemptera tout navigant ainsi formé et le commandant, l'armateur ou l'opérateur du navire de toute responsabilité pénale devant un tribunal américain des conséquences de l'usage de la force (blessures et mort d'homme). De plus, il incitera le gouvernement américain à négocier des accords internationaux au sein de l'OMI pour bénéficier d'exemptions similaires dans d'autres pays et s'assurer que les équipages américains armés puissent entrer dans les ports étrangers. Enfin, il autorisera l'embarquement d'équipes de sûreté et de sécurité de l'USCG pour défendre les navires marchands sous pavillon américain en transit dans les zones à risques.
Cette clause renforcera un amendement au National Defence Authorization Act, adopté par la Chambre des représentants en juin. Selon cet amendement, le ministère de la Défense doit pouvoir fournir du personnel militaire aux navires civils, sous pavillon américain et transportant des marchandises pour le compte de l'État fédéral, dans des zones considérées à risques par l'USCG ou l'IMB. L'embarquement de personnel militaire sera obligatoire sur les navires que l'USCG estimera susceptible d'être pris d'assaut par des pirates, sans spécification d'une zone particulière. Le Sénat doit maintenant adopter sa propre version du Defence Authorization Act concernant la piraterie. Les deux versions devront ensuite fusionner dans un projet final avant d'avoir force de loi. Selon la US Maritime Administration, 54 navires sous pavillon américain transitent chaque année dans des zones à risques, dont 40 acheminent de l'aide humanitaire de l'État fédéral. Toutefois, moins de dix sont suffisamment petits pour tenter les pirates et nécessiter une protection militaire.
À l'annonce du projet de loi américain, l'association des armements privés, Intertanko, a réitéré son opposition à l'embarquement d'armes sur les navires et à l'armement de leurs équipages. « L'emploi des armes conduit à une escalade de la violence de la part des pirates et accroît les risques pour les équipages », a déclaré son directeur, le commandant Howard Smith, à l'hebdomadaire maritime britannique Fairplay. Il estime que la meilleure solution consiste à maintenir la coopération en matière de protection navale et l'enregistrement des mouvements des navires auprès du Centre de sûreté maritime de la Corne de l'Afrique (MSCHOA). Selon lui, c'est efficace car le nombre de détournements de navires à diminué.
Le Merchant Maritime Warfare Centre
L'organisation britannique non gouvernementale anti-piraterie, Merchant Maritime Warfare Centre (MMWC), a été récemment créée à Poole. Ces experts de sûreté maritime proposent des formations de lutte contre la piraterie et un soutien opérationnel aux armateurs, dont les navires transitent notamment par le golfe d'Aden et l'ouest de l'océan Indien. Figurent au programme l'évaluation des risques, la simulation d'attaques, la gestion de la crise et la délivrance d'un guide des mesures contre la piraterie. Le MMWC assure aussi un audit de sûreté des navires et la fourniture permanente de renseignements et d'analyses de risques. Son directeur, Nick Davis, souhaite ainsi réduire le nombre d'actes de piraterie qui se transforment en attaques effectives. Il estime que sur 240 incidents signalés cette année, plus de 100 ont dégénéré en attaques.