Piraterie, forte hausse au premier semestre

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Selon l'International Maritime Bureau de Londres, il y a eu 240 actes de piraterie au premier semestre, contre 114 un an auparavant. Ensuite, le nombre d'actes de violences varie selon leur type. Des pirates sont notamment montés à l'abordage de 78 navires (71), en ont détourné 31 (12), ont pris 561 navigants en otage (190), en ont enlevé 7 contre rançon (6), en ont blessé 19 (19) et en ont tué 6 (7). En outre, huit navigants sont portés disparus (7). Le nombre d'attaques réelles a été de 109 et celui des tentatives de 131.

Le premier semestre se caractérise par les prises d'otages dans les régions à risques : 287 dans le golfe d'Aden, 198 en Somalie et 19 au Nigeria. Une recrudescence a été constatée en Asie du Sud-Est : 23 en mer de Chine du Sud, 12 en Malaisie, 4 au Viet Nam et 1 à Singapour.

Somalie et golfe d'Aden

En six mois, l'IMB a été averti de 148 incidents occasionnés par des pirates présumés somaliens, au large des côtes est et ouest de la Somalie, dans l'océan Indien, le golfe d'Aden, le sud de la mer Rouge, le détroit de Bab El Mandeb, la côte est d'Oman et la mer d'Arabie. En tout, 495 navigants ont été pris en otages, six ont été blessés, quatre ont été tués et un est porté disparu. Il y a eu 44 attaques au large de la Somalie, 86 dans le golfe d'Aden, 14 dans le sud de la mer Rouge, 2 au large d'Oman, 1 en mer d'Arabie et 1 en océan Indien. Au cours du premier semestre, 30 navires ont été signalés comme détournés.

L'IMB estime que le nombre de détournements réussis dans le golfe d'Aden a considérablement diminué, grâce à la présence des forces navales internationales sur zone et aux mesures de prévention prises par les commandants de navires. Toutefois, les pirates n'hésitent plus à lancer des grenades et à tirer à l'arme automatique sans discriminations pour obliger le commandant d'un navire à stopper. Enfin, les mauvaises conditions météorologiques de la mousson du sud-ouest le long de la côte est de la Somalie devraient réduire le nombre d'attaques par des petites embarcations entre mai et septembre.

Lors d'une conférence devant l'organisation américaine Navy League le 26 mai, l'amiral Gary Roughead, directeur des opérations navales, a déclaré que la lutte contre les pirates ne consiste pas seulement à les intercepter en mer. Il a souligné qu'une approche combinée en mer et sur terre des forces armées de Malaisie, d'Indonésie et de Singapour avait permis de réduire considérablement les attaques de pirates dans le détroit de Malacca. De son côté, l'amiral Michael Mullen, chef de l'état-major interarmées, a indiqué que le nombre de navires attaqués par les pirates ne représentent qu'environ 1 % de la flotte mondiale. Il a précisé qu'il faudrait un millier de bâtiments pour combattre efficacement la piraterie dans le monde, soit plus que toute la Marine américaine !

La question de l'assurance

Les causes de la piraterie dans le golfe d'Aden sont si complexes que le problème risque de perdurer, estime le groupe d'assurances maritimes Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) qui couvre près de 12 % des 30 000 navires de charge dans le monde. Dans une étude publiée fin juin sous le titre : « Piracy : An ancient risk with modern faces » (Piraterie : un risque ancien aux visages modernes), AGCS préconise des polices d'assurance spéciales « risques de guerre » pour répondre aux besoins des navires en transit dans les zones à risques. « De nombreuses compagnies maritimes paient, dans le cadre de leurs polices d'assurance Corps de navire, une garantie piraterie dont elles n'ont pas besoin », explique Sven Gerhard, responsable produit de la division Global Hull and Liabilities d'AGCS, inversement, de nombreux navires exposés à des risques élevés de piraterie, en raison des itinéraires qu'ils empruntent, ne peuvent pas, dans le cadre de leur contrat actuel, bénéficier d'une garantie piraterie plus flexible et personnalisée, puisqu'elle pourrait faire partie de leur police générale d'assurance Corps ».

L'étude souligne la nécessité d'une action internationale plus conséquente pour résoudre les problèmes à l'origine de la vague actuelle de piraterie au large de la Somalie et autour du golfe d'Aden : la pauvreté et la violence sur le continent.

Et les otages ?

Les navigants pris en otages sont en général rendus en bonne santé, condition première pour négocier le montant de leur rançon. Mais leur captivité est parfois un véritable calvaire. Ainsi, l'agence Reuters a obtenu le 10 juin par téléphone le témoignage de Graham Egbegi, peu de jours après sa libération.

C'est le commandant du remorqueur de haute mer nigérian Yenegoa-Ocean, détourné dix mois auparavant entre Dubaï et le Nigeria. Les pirates avaient immédiatement installé sur le pont une mitrailleuse pointée en direction des dix membres de l'équipage. Ils les ont ensuite enfermés dans leurs cabines sans leur laisser voir la lumière du jour pendant trois mois. Les pirates, drogués au khat, donnaient surtout du riz aux otages et, occasionnellement de la farine, des tomates, des oignons, du sel et du sucre. L'eau était parfois polluée. « Nous sommes tombés malades. Ils ne s'inquiétaient guère de nos vies. Nous avons été dans un triste état pendant les trois premiers mois, a indiqué Graham Egbegi, ils venaient chaque jour nous voler. Ils se jetaient sur nos vivres et nos biens personnels. Tout a été cassé et pillé dans mon navire, des matériels électroniques aux postes de télévision individuels. D'après ce que j'ai vu, les Somaliens sont minables et peuvent faire n'importe quoi. Les gens doivent comprendre que les équipages ont des familles ».

Quand leur libération est intervenue, probablement après le versement d'une rançon, l'équipage a remis le moteur du Yenegoa-Ocean en route et appelé l'IMB, qui a contacté les forces navales de l'Otan sur zone. Finalement, la frégate néerlandaise De-Zeven-Provincien a escorté le remorqueur jusqu'au Yemen.

Loïc Salmon

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