Début juin, les chargeurs américains regroupés au sein de la National Industrial Transportation League se déclaraient favorables à la ratification de la « Convention des Nations Unies sur le droit de transport international de marchandises effectué entièrement ou partiellement par mer » ; joignant leur voix à celle des compagnies membres du World Shipping Council (JMM du 19/6 ; p. 6). Quelques jours plus tard, les armateurs européens se déclaraient, eux aussi, en faveur de ce nouveau droit et soulignant l'isolement du Conseil des chargeurs européens (ESC ; JMM du 26/6 ; p. 5). Le 29 juin, ce dernier réagissait en soulignant que « malgré quelques améliorations obtenues au dernier moment, son opinion générale n'avait pas changé concernant les dangers que les règles de Rotterdam font courir aux exportateurs et importateurs européens ».
Contrairement à l'affirmation selon laquelle l'ESC est isolé dans ses critiques du possible nouveau régime de droit, sa secrétaire générale, Nicolette van der Jagt, rappelle que le Clecat regroupant les commissionnaires de transport européens, partage cette opinion. « Beaucoup d'États membres » ont également fait part de leurs interrogations. La Commission européenne propose même de soumettre son propre projet juridique.
Cette divergence de vues est maintenant bien identifiée au sein de la Chambre de commerce international. Celle-ci n'a pas pris de position formelle compte tenu du manque de consensus, ajoute le communiqué de l'ESC.
« L'une de nos plus importantes réserves porte sur la portée réelle des dérogations possibles dans le cas de la signature d'un contrat de volume », précise Nicolette van der Jagt. « Le champ d'application de ces règles, les ambiguïtés qu'elles contiennent, le renversement de la charge de la preuve, les possibles conflits de droit avec d'autres conventions internationales monomodales sont autant de raisons de ne pas ratifier en l'état cette convention » (qui fut pourtant adoptée en décembre 2008 en assemblée générale des Nations-Unies). Bref, le combat continue entre les tenants de la liberté des parties et ceux qui refusent « l'ultralibéralisme de la précédente administration américaine». Il n'y a pas si longtemps pourtant, tous s'entendaient pour mettre fin à la publication, aux États-Unis, des tarifs spéciaux accordés à certains grands chargeurs.