Piraterie en Somalie: l’ONU et l’UE réagissent

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Le 15 septembre, l’ONU a demandé à la communauté internationale de protéger des pirates ses navires convoyant de l’aide humanitaire en Somalie. Si rien n’est fait, des pénuries alimentaires sont à prévoir, a déclaré le directeur pour la Somalie du Programme alimentaire mondial (PAM), Peter Goossens. « Les bâtiments canadiens (qui assurent actuellement la sécurité dans les environs) doivent partir d’ici au 27 septembre et personne ne s’est manifesté pour les remplacer. Je suis très inquiet pour la suite des événements », a déclaré Peter Goossens à l’agence Reuters à Bruxelles. Ottawa a dépêché en août la frégate Ville-de-Québec pour escorter les navires du PAM. Ce dernier nourrit 2,4 millions de personnes en Somalie, dont les réserves alimentaires permettent de tenir jusqu’au 25 septembre. Les navires de grande taille, nécessaires pour assurer les livraisons, refusent de prendre la mer sans escorte, a ajouté Peter Goossens. Environ 90 % de l’aide du PAM à destination de la Somalie arrive par voie maritime.

Le même jour, l’Union européenne a décidé la mise en place d’une cellule chargée de coordonner les activités de surveillance au large de la côte de Somalie, où les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept n’ont pas exclu d’envoyer une mission navale de l’UE.

Le ministère allemand de la Défense a précisé que celle-ci envisage d’organiser des convois de navires marchands devant longer la Somalie sous l’escorte des bâtiments militaires. Une décision en ce sens devrait être prise à la mi-octobre. La Marine allemande y participera si le Parlement fédéral l’y autorise. D’autre part, le 11 septembre, le transporteur allemand de colis lourds BBC-Trinidad a été libéré contre rançon par des pirates somaliens qui l’avaient détourné le 21 août. Son armement, Beluga Shipping, a avoué que la rançon se monte à plusieurs millions de dollars. À l’époque, il avait accusé une frégate européenne de ne pas avoir donné suite aux appels à l’aide lancés par radio, au motif qu’elle ne pouvait intervenir contre des actes de nature criminelle.

Les organismes armatoriaux International Chamber of Shipping (ICS) et International Shipping Federation (ISF), basés à Londres, ont demandé à leurs membres et aux associations nationales d’armateurs de souligner auprès des médias la menace grave que fait peser, sur le transport maritime et la sécurité des navigants, les attaques « continuelles et perturbatrices » des pirates somaliens contre les navires transitant dans le golfe d’Aden. À la demande de l’OMI, le Conseil de sécurité de l’ONU a déjà donné mandat aux forces navales étrangères présentes dans la région sous la conduite de la Marine américaine d’agir contre les pirates. Mais selon l’ICS et l’ISF, cette mesure est « apparemment inadéquate » car ces forces navales ne sont guère désireuses de le faire, « vraisemblablement par manque de volonté politique ». Les deux organismes demandent aussi que la question de la protection militaire soit posée directement aux ministères de la Défense et des Affaireras étrangères des pays de leurs membres, « afin d’exercer le plus de pressions possibles sur les gouvernements pour qu’ils autorisent leurs forces militaires à remplir l’actuel mandat de l’ONU ». De leur côté dans un communiqué commun, le Cluster maritime français, Armateurs de France, l’IFM, la Fédération des industries nautiques et le Comité national des pêches demandent une coopération des États du pavillon et des États côtiers. Selon eux, « mise en commun de moyens et de renseignement militaire, coopération technique euro-africaine pourraient constituer un premier maillon de la Politique européenne de sécurité et de défense. Plus généralement, une solution régionale en coopération avec les forces de l’OTAN pourrait, à l’instar des mesures prises dans le détroit de Malacca, réduire considérablement les actes de piraterie ». La dernière cible des pirates a été le thonier français Drennec, attaqué le 13 septembre à 400 milles (740 km) de la côte somalienne mais qui est parvenu à leur échapper. Aucune victime n’est à déplorer, malgré les tirs de lance-roquettes qui ont fait quelques dégâts matériels. Le même jour, le navire-citerne Golden-Elizabeth a échappé à une autre attaque. Le 11 septembre, un thonier espagnol avait été également pris pour cible. À la suite de ces deux incidents, les cinquante thoniers français et espagnols sont rentrés à leur port d’attache de Mahé (Seychelles). Le 14 septembre, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche a demandé au Premier ministre, François Fillion, d’organiser une réunion interministérielle d’urgence sur la piraterie. Il a demandé à l’UE, dont la France assure la présidence jusqu’à la fin de l’année, de trouver des solutions pour protéger les 55 bateaux de pêche actifs dans cette région très poissonneuse.

Enfin le 16 septembre, quelques heures après la libération des otages du voilier Carré-d’As par les forces françaises, des pirates somaliens ont détourné, dans le golfe d’Aden, un navire-citerne qui appartiendrait à un armement de Hong Kong.

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