Une urgence pour l’IMTM

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En présentant les annales de leur colloque qui s’est tenu au Caire en mai dernier, les responsables de l’IMTM disent leur grande inquiétude sur le devenir de la Mare Nostrum. Une mer traversée par 30 % de la flotte mondiale des pétroliers alors qu’elle ne représente que 1 % de la surface des océans du globe. Christian Scapel, avocat au barreau de Marseille et président de l’IMTM s’alarme: « Il n’y a pas eu de catastrophe maritime majeure en Méditerranée, mais en termes de probabilité, on s’y rapproche. Or, sur cette mer fermée, on ne dispose pas de moyens techniques suffisants et coordonnés pour se tirer d’affaire. » Pourtant, un Prestige ou un Erika déversant des flots d’hydrocarbures auraient ici des conséquences incalculables et sans précédent dans l’histoire mondiale des pollutions accidentelles.

Le pire est prévisible et pourtant les spécialistes ne disposent que peu de données globales. Exemple, combien de navires passent par le détroit de Gibraltar? Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, personne ne le sait exactement. Parti en quête du chiffre, Daniel L’huillier, professeur honoraire à l’Université de Méditerranée et vice-président de IMTM, s’est vu répondre entre 15 000 et 45 000 par an. Encore ne s’agit-il que des bâtiments de surface. Faudra-t-il faire payer un droit de péage comme sur le canal de Suez pour le savoir?

Pour disposer d’une vue d’ensemble du trafic maritime, l’IMTM propose de créer un Observatoire des flux maritimes en Méditerranée. Celui-ci réunirait l’ensemble de cess pays riverains. Pour Daniel L’huillier qui fournit dans les Annales de l’IMTM une contribution intitulée « Sauver la Méditerranée », il est temps de « savoir ce qui se passe ». « Nous sommes inquiets sur l’avenir de la Méditerranée. C’est actuellement une zone inerte, aveugle pour l’Europe qui a le regard tourné vers le Nord, l’Ouest ou l’Est. Pour établir une prospective, agir, il nous faut des données que, faute de coopération entre les agences des pays, nous n’avons pas ou qui sont partielles. La solution réside dans la prise de conscience de tous les acteurs méditerranéens. » Et peut-être dans la création « d’eaux territoriales méditerranéennes ».

Les responsables de l’IMTM qui se définit comme un « think tank » de la chose méditerranéenne, ont commencé par frapper à certaines portes. Notamment celle de Michel Vauzelle, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais surtout président de la Conférence des régions méditerranéennes, et des CCI de la Méditerranée. « Nous sommes dans la phase de l’éveil d’intérêt », reconnaissent-ils. Leur préoccupation pourrait s’insérer dans le projet d’Union méditerranéenne du président Nicolas Sarkozy. Avec déjà beaucoup de sujets à débattre: N’y a-t-il pas trop de transit en Méditerranée par rapport aux échanges inframéditerranéens? Quel est l’impact environnemental des hubs portuaires (comme Marsaxlokk ou Algésiras) et leur intérêt économique pour les populations? Ne se prépare-t-on pas au gâchis avec la course aux super plates-formes logistiques qui se concurrencent et s’opposent? N’est-il pas temps de penser une coordination sinon une organisation interne au monde du transport en Méditerranée? La création d’un réseau de plates-formes de communication et d’échanges résoudra-t-elle le problème des informations, offrira-t-elle un liant entre ports et sites logistiques?

Des questions qui trouveront des résonances lors du prochain colloque de l’IMTM qui se tiendra, les 16 au 18 avril à Tanger, sous le thème « Vers un réseau de plates-formes logistiques en Méditerranée: mythe ou réalité? ».

Le projet français d’Union méditerranéenne a été lancé par Nicolas Sarkozy dès sa campagne présidentielle. Détaillé en novembre devant l’ensemble des pays membres du partenariat euro-méditerranéen, lors d’une conférence à Lisbonne, celui-ci fait face à un vent de septicisme.

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