Depuis le 14 janvier, Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux transports s’est rendu dans plusieurs ports autonomes. Après Marseille, ce fut Nantes, Le Havre et La Rochelle. D’autres ports autonomes n’ont pas eu la visite du ministre, comme Dunkerque, Rouen et Bordeaux. « Ce n’est pas un oubli, mais des contraintes d’agenda », a expliqué Dominique Bussereau. Depuis le 13 février, il est astreint à un droit de réserve lié aux élections municipales. Dans ces conditions, il a décidé pour rencontrer tous les responsables des ports autonomes d’organiser les rencontres dans ses bureaux de la rue du Bac. Dunkerque a ouvert la marche le 14 février, Bordeaux et Rouen ont suivi les 18 et 20 février.
Lors de la rencontre avec le port de Dunkerque, le secrétaire d’État a reçu les membres du conseil d’administration, l’équipe de direction du port et les organisations syndicales. La CGT-FNPD n’est pas venue. « Dans chaque port, elle m’a remis une lettre détaillant les conditions locales », a expliqué le secrétaire d’État.
La rencontre avec Dunkerque a été riche d’enseignements. Dominique Bussereau a rappelé le soutien de Michel Delebarre, le député-maire de Dunkerque, pour cette réforme. Cette entrevue s’est accompagnée de demandes et notamment d’une préservation des spécificités locales. Dunkerque a d’ores et déjà mis en place l’unicité de commandement entre dockers et grutiers dans deux terminaux: le Quai à pondéreux ouest et le terminal à conteneurs. Par ailleurs, les responsables du port ont rappelé qu’une caractéristique de leur établissement est d’être aussi un port industriel. Dans ce contexte, il mérite autant d’investissements que Le Havre et Marseille. Une idée que les cadres du port ont voulu répéter au secrétaire d’État en exposant leurs points de vue sur cette réforme et notamment le « projet structurant ». Au travers de ce concept, il faut comprendre un nouveau bassin en eau profonde, la darse du Pacifique réactualisée. Ce bassin est dessiné en pointillés depuis 30 ans sur les cartes du port Ouest. Les cadres justifient ce projet en se comparant à leurs voisins immédiats du Benelux. Ils détiennent plus de 70 % du marché du conteneur nordiste. « Nous étions déjà en retard. Il ne s’est rien passé de structurant depuis les années soixante-dix. Ce retard s’accentue actuellement avec l’oubli de Dunkerque dans la stratégie de l’État », résume André Cordonnier, l’un des membres de la délégation reçue à Paris. Par contre, les cadres ne s’opposent pas à la réforme, même si elle amaigrit la structure. Ils notent que l’essentiel de l’effort de productivité est déjà fait, après la constitution des opérateurs unifiés et le plan PAD 2005. « Nous allons évoluer vers une fonction plus stratégique, recentrée sur la matière grise », observe Stéphane Questroye, leur représentant au conseil d’administration.
Cette réunion a aussi permis d’aborder la question de la coordination des ports. Michel Delebarre a proposé que les moyens de coordination entre les ports se fassent surtout avec le port fluvial de Lille et les plates-formes le long du futur canal Seine-Escaut, a continué le secrétaire d’État. « Nous voulons offrir toutes les fenêtres de collaboration », indique Dominique Bussereau.