CMA CGM fait de Ceva une entreprise française

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Pour la visite à Marseille du premier Ministre Édouard Philippe, qui devait clôturer en fin de journée un Conseil national de l’industrie « décentralisé », entouré de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et d’Élisabeth Borne, ministre de la Transition Écologique, Rodolphe Saadé, le PDG de CMA CGM avait bien fait les choses. Il avait convoqué un temps havrais – petite pluie fine – et préparé une annonce de nature à flatter l’écharpe tricolore. « Ceva Logistics, domiciliée en suisse, deviendra en 2020 une entreprise fiscalement française et c’est depuis Marseille qu’elle se développera. De là où nous sommes devenu un géant mondial du transport maritime et parce que nous sommes très attachés à la France et à ce territoire », a signifié celui qui a repris les rênes du 4e armement conteneurisé mondial (21 MEVP transportés) fondé par son père, Jacques Saadé.

Située au cœur des Docks, l’entreprise emploie d’ores et déjà 170 collaborateurs issus de 25 nationalités. Les effectifs devraient être portés à 200 d’ici la fin de l’année, sans que l’on sache vraiment s’il s’agit de création d’emplois ou de transferts.

L’acquisition du géant de la logistique, parmi les 10 premiers mondiaux (78 000 personnes et un chiffre d’affaires de 7,4 Md$) est à ce jour l’incarnation la plus visible de la vision que porte Roldolphe Saadé. Le dirigeant est convaincu que les clients recherchent une offre complète, de bout en bout, « combinant transport maritime, terrestre, aérien et solution d’entreposage ».

Réécrivant un peu l’histoire, il rappelle que son groupe a acquis l’entreprise suisse « à l’époque détenue par des fonds américains » en en prenant progressivement le contrôle via une OPA amicale.

Quand il lance l’opération en début d’année sur les titres du Suisse, CMA CGM en détient déjà 24,99 % depuis 2018. Le secteur de la logistique bouillonne alors. Le groupe danois DSV, qui a du cash et veut se développer rapidement, a soif d’acquisitions. Et c’est sa manœuvre sur Ceva Logistics qui va contraindre l’armateur marseillais à précipiter sa montée au capital à hauteur de 33 %, une opération sans doute prévue mais pas dans ce timing. Il finalise son opération en avril avec 97,89 % du capital-actions et des droits de vote. En octobre, l’entreprise est décotée de la bourse suisse par le groupe français qui met ainsi la main sur les actions qu’il ne détenait pas encore.

Fin du premier acte. La partie la plus délicate à jouer reste le retour à la rentabilité, sujet qui anime particulièrement les cénacles financiers.

« Nous allons d’abord redresser Ceva, n’a pas dissimulé Rodolphe Saadé, et on voit déjà les premiers signes de cette nouvelle dynamique. Des contrats ont été emportés mais il y a encore du travail ».

La perte nette totale de l’activité logistique du groupe a atteint 62 M$ au premier semestre de l’année. Elle avait déjà enregistré une perte de 242 M$ en 2018. CMA CGM n’a d’ailleurs pas tardé à annoncer un plan d’économie de 1,2 Md$ pour 2019. La dette totale de CMA CGM s’élevait à 20,02 Md$ fin juin.

Pour trouver un peu d’air, l’armateur a confirmé être vendeur de certains de ses actifs portuaires, dont il pourrait tirer 500 M$ selon les analystes. Il pourrait aussi être tenté de céder une participation minoritaire de Ceva.

« Une fois la rentabilité atteinte, on la fera grandir. La France avait déjà un leader mondial du transport maritime, elle a désormais un géant mondial du transport et de la logistique avec un chiffre d’affaires de 30 Md$ et 110 000 personnes », a conforté Rodolphe Saadé.

« L’industrie est une chance pour la France. Elle a un avenir en France. Et si la logistique peut y prospérer avec cette installation, c’est une excellente nouvelle qui justifie le seul fait que je sois ici pour la célébrer avec humilité ». Sur ces mots, toute en prudence, s’est échappé Édouard Philippe pour une journée marathon, en déluge sous des trombes d’eau.

23 %

10 % des entreprises allemandes présentes en Chine ont déjà pris la décision de retirer des capacités de production du pays et 13 % envisagent de le faire, souligne la dernière étude de la Chambre de commerce allemande en Chine. L’Inde ou l’Asie du Sud-Est sont identifiés comme des terres d’accueil.

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