À contre-courant des réalités du marché, la croissance des primes de l’assurance maritime paraît faible. Selon l’IUMI, organisation professionnelle représentant 42 associations d’assurance et de ré-assurance maritimes, les souscriptions mondiales se sont élevées à 28,9 Md$ en 2018, soit une augmentation de 1 % par rapport à 2017. Entre 2017 et 2018, la part globale de l’Europe est passée de 49,2 à 46,4 % et celle de l’Asie de 29,2 à 30,7 %. Les marchandises transportées représentent toujours la part la plus importante avec 57,4 % en 2018 devant les coques (24,4 %). La faible augmentation des encaissements mondiaux relatifs au fret (+ 2,5 %) « est en grande partie attribuable aux fluctuations des taux de change, qui ont tendance à affecter les primes au fret plus fortement que les autres secteurs », indique l’IUMI. À l’unisson avec la filière mondiale, l’IUMI se dit extrêmement préoccupée par la récurrence des incendies sur les porte-conteneurs, en particulier ceux qui prennent leur source dans les cargaisons. Le secteur reste « traumatisé » par les épisodes du Maersk Honam ou le Grande America. Si l’année de souscription 2017/18 avait été sinistrée par des événements naturels majeurs, celle de 2018/19 sera sans nul doute « à incendies ». L’année en cours a déjà été touchée par neuf incendies graves. Cela fait des années que l’organisation sonne l’alerte rouge et pointe les déclarations « trompeuses » comme les causes premières de sinistralité. Le ton s’est durci ces dernières semaines, plusieurs transporteurs ayant annoncé qu’ils allaient « passer à l’amende ». Pour ce qui est des coques, les primes de souscription mondiales n’ont pas varié d’un dollar en 2018, ce qui préoccupe aussi les assureurs « si l’on tient compte de l’augmentation constante de la flotte mondiale et de l’exposition à un risque unique plus élevé résultant de la tendance des navires de plus en plus grands », indique l’IUMI. Note plus positive, la fréquence des sinistres et le coût par navire sont restés stables et la tendance à long terme des pertes totales s’est également stabilisée avec une fluctuation inférieure à 0,1 %. Toutefois, l’incidence des « pertes importantes » est de nouveau d’actualité, après avoir été exceptionnellement faible entre 2016 et 2018. « Depuis la conférence IUMI de 2018, nous avons enregistré une vingtaine de sociétés, qui se sont soit retirées du marché soit restreint sévèrement leurs activités de souscription de coque ou de fret », note l’IUMI, qui attend des jours meilleurs. « Les marchés semblent avoir touché le fond, et nous commençons à voir une légère hausse des primes, bien qu’à niveau très bas. Cela devrait, marginalement, alléger la pression sur la rentabilité ». Si elle n’est pas handicapée par le retour de pertes importantes.
Assurance
Les souscriptions maritimes menacées par la sinistrose
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