« Il n’y a pas au monde d’autres activités plus volatiles que le vrac sec. Le segment peut être diaboliquement rentable et vous faire gagner des sommes folles et anormales en un seul jour et à d’autres moments être dramatiquement producteur de pertes et de soucis », décrit un armement spécialiste du secteur. Depuis quelques années – à vrai dire depuis la crise financière de 2008 – les attentes concernant ce segment sont élevées, tant les années de déprime se sont enchâssées au cours desquelles les taux de fret pour les capesize (BCI), les panamax (BPI), les supramax (BSI) et les handysize (BHI) étaient si corsetés qu’ils étaient parfois proches des coûts d’exploitation des navires voire inférieurs. 2016 fut particulièrement difficile. 2017 avait offert un bol d’air grâce à une plus grande discipline du secteur dans la gestion des capacités. 2018 fut tout en zigzag. Ces derniers jours, les indicateurs du vrac sec, qu’on considère comme des baromètres de l’économie mondiale parce qu’ils reflètent l’état de la production industrielle ou agricole, se sont mis à galoper, en atteignant leur plus haut niveau en cinq ans : ils étaient début juillet à 1 816 $, ont franchi le 16 juillet la barre des 2 000 points pour la première fois depuis janvier 2014, après avoir atteint un point bas en février, à 596 points, et ont clôturé la 3e semaine du mois à 2 064 points. L’optimisme gagne les propriétaires vraquiers qui se mettent à espérer une amélioration de leurs fondamentaux. Et pour cause, des capesize (180 000 à 200 000 tpl) se sont échangés pour plus de 31 000 $ par jour, ayant grimpé de plus de 10 000 $ en 10 jours. Toutes les catégories en ont profité. Les « panamax » s’établissent autour de 15 000 $, les « supramax » proche des 10 000 $ et les handysize autour des 7 000 $. Les analystes mettent l’engouement du moment en partie sur le compte de la hausse des expéditions brésiliennes grâce à la « récupération » de certaines capacités productives du géant minier Vale, qui avait été entravé par la fermeture de mines suite à la rupture de la digue de Corrego do Feijao. Ainsi, des taux de fret plus élevés ont été signalés pour les vraquiers opérant sur la ligne Tubarao-Qingdao, signe de la reprise des échanges entre la Chine et le Brésil alors que la demande de vraquiers avait été précisément pénalisée en 2018 par la baisse des imports chinois. Les courtiers signalent pour leur part leur semaine la plus active de cette année pour les transactions. Les valeurs oscillent entre 9 et 17 M$. Les analystes de Cleaves Securities s’attendent même à « l’un des plus longs cycles d’expansion du vrac sec depuis les années 1740 », estimant que la « remontada » est partie pour durer au moins jusqu’en 2022-2023.