La prudence s’impose quand il s’agit de transaction de cette taille et conditionnée à autant de clauses. Mais le transporteur maritime chinois Cosco devrait, selon les annonces, mettre la main sur la maison mère hongkongaise (OOIL) de OOCL. Une opération in extremis, à quelques heures du terme, le 4 juillet pour 6,27 Md$.
Validée par le Bureau anti-monopole chinois (ministère du Commerce extérieur) le 29 juin, l’acquisition d’OOCL permet donc à Cosco de devenir leader sur la route Asie-Amérique du Nord et de passer devant CMA CGM tant en termes de parts de marché que de capacité, le nouvel ensemble avoisinera les 3 MEVP en fin d’année avec l’entrée en service de nouveaux porte-conteneurs de 20 000 EVP.
Au-delà, et s’il y avait encore besoin de démonstrations supplémentaires, l’affaire est révélatrice des ambitions chinoises en matière maritime et de sa volonté de s’affranchir d’une domination occidentale. OOCL n’affichait encore en 2008 qu’une capacité de 500 000 EVP. Mais, sous la férule de Pékin, la compagnie a très rapidement multiplié les achats de navires puis fusionné en 2016 avec une autre compagnie maritime étatique, China Shipping Container Lines. Financé par la Bank of China, le rachat d’OOCL s’est ainsi fait à un prix que les actionnaires ne pouvaient refuser. Et pour obtenir l’accord du Comité sur l’investissement étranger aux États-Unis (CFIUS), une des « concessions » les plus difficiles à obtenir d’un pays soucieux de sûreté nationale, Cosco aurait proposé de céder en totalité ou en partie le terminal détenu par OOCL au Long Beach Container Terminal (jusqu’en 2022). Par son alliance avec l’armateur chinois, CMA CGM pourrait se retrouver au centre du jeu. En particulier si la holding turque Yildirim venait à décider de vendre les 24 % de parts qu’elle détient à son capital.