L’entreprise dont MSC aimerait prendre en partie le contrôle ((49,9 %) en dépit des fortes résistances dans la classe politique allemande, chez les salariés de HHLA et les syndicats représentant les dockers, a connu un début d'année difficile mais le deuxième trimestre a permis de redresser la barre.
Le groupe de logistique portuaire Hamburger Hafen und Logistik (HHLA) a conclu le premier semestre 2024 sur une note positive en termes de chiffre d'affaires (+ 4,6 % avec 760,3 M€) et de bénéfices. Le résultat d'exploitation du groupe avant charges et impôts (Ebit) a augmenté de 16,8 % pour atteindre 58,9 M€. La marge s’établit à 7,7 %, gagnant un point. Le résultat net ressort à 13,2 M€, soit 5 M€ de plus.
« Le premier semestre a été caractérisé par un environnement de marché difficile pour HHLA. Malgré les ajustements nécessaires dus aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement, nous avons été en mesure de réaliser une croissance dans le domaine de la manutention et du transport de conteneurs », se félicite Angela Titzrath, PDG de HHLA pour laquelle son marché restera difficile dans les prochains mois.
Des terminaux impactés par les guerres
Par segments, la logistique portuaire est restée en croissance mais modérée en termes de revenus (742,5 M€) au cours des six premiers mois versus les 707,7 M€ à la même période l’an dernier. L’Ebit a en revanche augmenté de 27,5 % (51,7 M€) et l’activité a dégagé un résultat net de 8,9 M€.
Dans le segment des conteneurs, les volumes traités dans ses terminaux (trois à Hambourg, Trieste en Italie, Odessa en Ukraine et Muuga en Estonie) ont augmenté de 2,2 % frôlant de peu les 3 MEVP (2,94 MEVP), dont 2,81 MEVP à Hambourg (+ 1 %). Dans les terminaux étrangers a été observée une croissance de 13,5 % pour atteindre les 129 000 EVP.
La forte croissance du terminal polyvalent en Estonie a permis de compenser les difficultés de Trieste, sanctionné par les blank sailing opérées par les compagnies dans le cadre des perturbations liées « au conflit militaire en mer Rouge », justifie l’entreprise. Le terminal dans le port adriatique pourrait devenir un problème une fois HHLA dans le giron de MSC, ce dernier y étant positionné par ailleurs.
Quant à Odessa (terminal CTO), l’activité y est difficile en raison de la guerre en Russie. MSC y a toutefois fait récemment accoster un de ses navires au terminal de HHLA, et ce, malgré la guerre. Ce qui permet d’espérer un retour de flamme.
Finalement, les recettes du segment ont augmenté de 7,5 %, contribuant à hauteur de 378,7 M€ aux résultats du groupe. L’augmentation de la durée de séjour des conteneurs traités dans les terminaux de Hambourg et les frais d'entreposage qui en ont résulté ont joué un rôle dans l’évolution à la hausse. L’Ebit a été dopé (+ 80 %) pour atteindre 34,4 M€ et la marge a gagné 3,7 points, soit 9,1 %.
Le rail, activité convoitée
Le transport ferroviaire, incarné par la lucrative filiale de fret ferroviaire du manutentionnaire allemand que MSC est accusé de vouloir détourner en mettant la main sur HHLA, a traité 719 000 EVP (+ 4 %). « La forte augmentation des volumes transportés dans l'hinterland a plus que compensé le recul du trafic avec les ports maritimes de l'Adriatique et la baisse du trafic polonais. L'acquisition d'une participation majoritaire dans l’entreprise allemande Roland Spedition au cours du deuxième trimestre a également contribué à cette hausse », explique la dirigeante.
La portée du chiffre d'affaires (327,7 M€ ; + 4,7 %) a été plus forte que celle des volumes. « C’est lié à la part plus élevée du trafic ferroviaire dans les volumes de transport, qui a augmenté de 1,8 % en glissement annuel pour atteindre 86,2 % », justifie la direction. Le résultat d'exploitation s’est en revanche contracté de près de 5 %, à 39,2 M€.
Il est certain que l’entreprise, qui permet l’interconnexion du port de Hambourg avec l'Europe en matière de transport ferroviaire de marchandises, deviendra un prestataire stratégique de MSC. Reste à savoir comment elle s’intégrera plus concrètement dans son réseau.
Revoyure des objectifs de moyen terme
Le groupe a revu ses perspectives à moyen terme. « Les conditions sous-jacentes difficiles, en particulier la guerre en Ukraine, les crises au Moyen-Orient, la faiblesse économique actuelle et les changements du marché, nous poussent à revoir les ambitions à moyen terme telles qu'elles avaient été présentées en 2021 », indique le rapport financier. Le groupe continue de viser un résultat d’exploitation de 400 M€ à moyen terme mais il ne devrait pas être atteint avant l'exercice 2027 au lieu de 2025.
Adeline Descamps