Les autorités malaisiennes ont immobilisé, dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 juillet, le pétrolier chinois Ceres 1, de classe VLCC, qui avait pris la fuite le vendredi 19 juillet après être entré en collision avec le Hafnia Nile, chimiquier de 74 189 tpl, à l'entrée du détroit de Singapour, et à une cinquantaine de km au nord-est de la Malaisie (Pedra Branca), selon les précisions apportées par l'autorité maritime et portuaire (MPA) de Singapour. L'accident avait provoqué un incendie important impliquant les deux navires, ont indiqué les garde-côtes malaisiens.
Le Ceres I, battant pavillon de Sao Tome and Principe, avait débranché son système de suivi AIS à la suite de sa collision. Il était encadré par deux remorqueurs lorsqu’il a été intercepté par l’un des patrouilleurs des autorités maritimes (Malaysian Maritime), le KM Pekan, à 50 km au nord-est de l'île de Taïwan, soit à quelque 150 km au nord de la position où les deux navires sont entrés en contact.
Circonstances de l'accident à préciser
Une enquête devra établir les circonstances de l’accident et les raisons de la fuite, a précisé Zin Azman Mohamad Yunus, commandant des opérations de recherche et de sauvetage des garde-côtes, cité dans le communiqué.
Selon les données de suivi du navire, le chimiquier de l’armateur Hafnia se déplaçait à une vitesse de 14 nœuds lorsqu'il a percuté le VLCC, apparemment au mouillage
Le Hafnia Nile, enregistré à Singapour, était chargé selon les rapports de 300 000 barils de naphta et avait subi sa dernière inspection par l'État du port en mai. Il a été abandonné alors qu'il est endommagé. Des relevés aériens menés par les garde-côtes malaisiens ont entre-temps révélé une marée noire de 17 km2 sur les lieux de la collision.
62 membres d'équipage secourus
L'autorité maritime de Singapour a précisé par ailleurs que les 62 membres d'équipage – 22 sur le chimiquier de l'armateur danois Hafnia et 40 sur le Ceres –, ont tous été secourus, à la fois par la frégate RSS Surpreme, dépêchée par la marine singapourienne sur le lieu de l'accident, et par des moyens de secours de l'autorité maritime et portuaire malaisienne.
Ils ont été rapatriés à la cité-État, à l'exception de 26 navigants à bord du Ceres, restés à bord pour lutter contre l'incendie. Parmi les secourus, deux marins présentant de légères blessures ont été transférés à l'hôpital principal de Singapour, selon une déclaration de l'armée de l'air publiée sur les réseaux sociaux.
Des anomalies
Les autorités maritimes malaisiennes font également état d’anomalies dans le numéro d'immatriculation OMI du Ceres 1 (9229439), construit en 2001. Son historique – il a changé d'identité, de pavillon et de propriétaire à plusieurs reprises –, le rend suspect. Il est répertorié parmi les navires de la flotte clandestine (dark fleet), qui opère dans le commerce de pétrole sous embargo, russe, iranien et vénézuélien.
Il est actuellement géré et exploité par deux sociétés basées à Shanghai, Ceres Shipping et Shanghai Properity tandis que l’identité de l’assureur P&I n'est pas déterminée, cas classique quand il s’agit de contourner les sanctions et dissimuler des identités.
Dans une déclaration publiée au cours du week-end, le ministère de l'Énergie de la Malaisie a ajouté au trouble en indiquant qu'il n'y avait pas de pétrole à bord du Ceres 1 alors que les VLCC disposent d’une capacité de chargement de 2 millions de barils de brut. Le transbordement en mer (STS) aurait pu donc se faire avant.
Adeline Descamps
