45, c'est le nombre de jours dont disposent les entreprises américaines ayant des investissements au Venezuela pour clôturer leurs activités, d'ici le 31 mai, afin de se conformer au regain de sanctions.
L'assouplissement accordé pour six mois aux sanctions concernant les transactions (production, vente et exportation) dans les secteurs pétrolier et gazier du pays latino-américain, décidé dans le cadre d'un accord signé le 17 octobre à la Barbade entre Caracas et Washington, avait un effet immédiat mais aussi une date de péremption. Il est devenu en l'occurrence caduc le 18 avril.
L'administration Biden ne renouvellera pas la licence générale dite GL44, considérant que le président Nicolás Maduro et son gouvernement n'ont pas tenu leurs engagements. L'accord du 17 octobre était notamment conditionné à la tenue d'élections libres (réintégration de tous les candidats) et démocratiques en 2024.
Élections qui n'ont rien de démocratique
Tout en saluant le calendrier électoral prévoyant le scrutin le 28 juillet avec la présence d'observateurs internationaux, Washington a condamné l'inéligibilité de la candidate de l'opposition Maria Corina Machado, favorite dans les sondages, et la non-inscription de sa remplaçante désignée, Corina Yoris.
« Nous sommes inquiets du fait que Nicolas Maduro et ses représentants aient empêché l'opposition démocratique d'inscrire le candidat de son choix, harcelé et intimidé des opposants politiques et détenu injustement de nombreux acteurs politiques et membres de la société civile », a déclaré le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, cité dans un communiqué.
« C'est la conséquence de l'incapacité du régime de Maduro à remplir sa part de l'accord. Le régime a violé tous les éléments de l'accord de la Barbade et a même développé une vague de répression brutale », a réagi pour sa part auprès de l'AFP la principale intéressée, Maria Corina Machado Machado.
Le président Nicolás Maduro brigue un troisième mandat de six ans.
Crainte d'une surchauffe
L'accord poursuivait d'autres objectifs plus tacites. En permettant à l'un des membres (fondateurs) de l'Opep de reprendre ses exportations de pétrole, les autorités américaines entendaient aussi canaliser tout effet de surchauffe sur le marché alors que l'environnement est déjà contraint par les sanctions contre la Russie et les réductions de production de l'Opep.
Elles redoutaient déjà à l'époque une détérioration des relations au Moyen-Orient entre le Hamas et Israël et sa capacité à embraser la région en emmenant le Hezbollah soutenu par le Liban et l'Iran.
Le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, soit environ 300 milliards de barils, mais ne produit mensuellement, selon les dernières données de BRS, que 900 000 barils par jour (b/j), loin de l'objectif officiel de 1,7 million de barils par jour (Mb/j) assigné pour 2024 et encore davantage des 2,4 millions de 2016, avant que les États-Unis ne commencent à imposer des sanctions financières et pétrolières américaines à partir de 2017.
À l'occasion de la levée temporaire de l'embargo, de nombreux analystes avait noté qu'il serait difficile pour la compagnie pétrolière nationale d'augmenter ses exportations (autour de 400 000 b/j selon Gibson) de manière significative sans investissements conséquents dans la production et la modernisation des infrastructures.
Augmentation attendue de la glotte fantôme
Selon BRS, le retour des sanctions aura pour première conséquence d'accroître la flotte fantôme de 19 pétroliers, portant ce bataillon à 776 unités, actuellement largement dominé par des unités aux intérêts russes.
Sanctions américaines ou pas, l'industrie pétrolière du pays ne va pas s'arrêter, a réagi Pedro Tellechea, ministre vénézuélien du Pétrole, à des journalistes locaux, avant même l'annonce de Washington.
Celui qui est aussi le président de la compagnie pétrolière publique du pays, Petroleos de Venezuela (PDVSA), a assuré lors de ces échanges qu'elles étaient sans effet sur l'économie. Sa compagnie se trouve en tout cas sur la liste noire des États-Unis.
Adeline Descamps
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