Les rebelles houthis ne semblent pas démobilisés, dans leurs attaques ciblées contre les navires marchands en mer Rouge, par les « préparatifs » au niveau international d’une force navale multinationale répondant au nom de « Prosperity Guardian opération ».
À ce stade du peu d’informations diffusées, une vingtaine de pays se sont montrés disposés à s’engager dans cette « patrouille routière » en mer Rouge et dans le golfe d'Aden dont l’objet est de protéger les navires marchands et leurs équipages qui y transitent et de leur porter assistance si nécessaire.
La liste n’a pas été communiquée. Mais la Grèce, grand pays d’armateurs qui contrôlent 20 % de la flotte mondiale, a fait savoir le 21 décembre qu’elle fournirait une frégate dans la région à cet effet.
La France, dont la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc qui y opère déjà a abattu le 12 décembre un drone menaçant le pétrolier Strinda, y a également répondu favorablement.
Pression armée
En attendant, les rebelles houthis continuent d’y maintenir une pression armée. Dernière illustration en date, la marine et les garde-côtes indiens ont porté secours, avec le patrouilleur indien Vikram, au chimiquier/pétrolier Chem Pluto (21 323 tpl).
Le navire immatriculé au Libéria, a été touché par un drone le samedi 23 décembre dans la matinée, qui aurait été lancé depuis l'Iran. Un incendie a été signalé, que l’équipage (20 membres, tous indiens, excepté un Vietnamien) serait parvenu à circonscrire rapidement.
Propriété de la société japonaise Rio Brillante et géré commercialement par Ace Quantum, le navire-citerne a été escorté par le remorqueur jusqu'au port indien de Mumbai. Le lendemain de l’attaque, le navire émettait des signaux à une position située à environ 150 milles nautiques au sud-ouest de Mumbai.
Échanges verbaux
Le ministère américain de la Défense a attribué l'attaque, à « un drone d'attaque à sens unique tiré depuis l'Iran ».
L’incident survient après des propos menaçants échangés de part et d’autre et relayés par les médias. Des responsables américains accusent explicitement l'Iran d'être à l'origine de toutes les attaques récentes au Moyen-Orient, tandis qu’un commandant des Gardiens de la révolution iranienne, cité par des médias iraniens, a averti « les États-Unis et leurs alliés » qu’ils étaient en mesure de bloquer la navigation « dans la région et en Méditerranée, jusqu'au détroit de Gibraltar ».
Loin de l'épicentre des dernières attaques
Le navire se trouvait donc loin de l’épicentre des incidents signalés jusqu’à présent, en mer rouge et dans le détroit de Bab-el-Mandeb, crucial pour les navires qui transitent par le canal de Suez. Depuis la montée en tensions en mer Rouge, les attaques de drones et tirs de missiles se sont largement concentré le long des côtes du Yemen.
Le Centcom, centre de commandement américain, et l’UKMTO (United Kingdom Marine Trade Operations), le département des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni, ont signalé de nouveaux tirs de missiles balistiques anti-navires non loin de l'île de Saleef, mais qui ont loupé leurs cibles.
L'USS Laboon, un destroyer américain, déployé dans la zone d'opérations de la 5e flotte américaine, aurait abattu quatre drones en provenance du Yémen.
Entre 15 et 20 attaques à ce stade
Le Centcom a par ailleurs indiqué qu'un pétrolier immatriculé en Norvège, le Blaamanen (33 573 tpl), en provenance de Constanta (Roumanie) et en direction de l'Inde, a signalé avoir également esquivé un tir de drone d'attaque unidirectionnel.
Le pétrolier Sai Baba, qui a chargé du brut au port russe d’Ust-Luga destiné à des clients indiens, a déclaré avoir été touché par un drone similaire mais sans dommages humaines.
Pour les autorités américaines, il s’agirait des 14 et 15 attaques lancées par les Houthis depuis le 17 octobre contre des navires marchands. L'UKMTO en recense de son côté une vingtaine.
La localisation de l’incident du Chem Pluto interpelle, suggérant que les routes alternatives ne sont pas plus sécures, alors qu’un grand mouvement de déroutement par le contournement de l’Afrique est en train de s’observer.
Adeline Descamps