Le monde a détourné le regard mais les Houthis restent à l'offensive pour capter l'attention et ont nouvelle fois réitéré leur menace quant à une extension de leur zone d'attaque dans l'océan Indien, alors qu'une bonne partie de la navigation marchande y a dérouté pour éviter la zone critique, classée en risques de guerre.
Le mouvement d'opposition yéménite a déjà revendiqué plusieurs attaques contre des navires en Méditerranée au cours des dernières semaines, dont celle du MSC Orion, la première effectuée à une longue portée. D'après les experts, l’Iran, qui arme les Houthis, dispose de drones permettant d'atteindre une cible à 1 200 km jusqu'à 1 600 km.
Quatrième cycle d'escalades selon les houthis
Dans un discours télévisé de ces dernières heures, le chef du mouvement yéménite d'opposition, Abdul Malik Al-Houthi a répété que tous les navires se dirigeant vers les ports israéliens seraient la cible des drones et des missiles.
Il avait préalablement menacé, dans une précédente allocution télévisée, d’une intensification des actions. « Nous nous préparons à un quatrième cycle d'escalade », avait-il affirmé.
Dans une de ses dernières mises à jour, la milice armée par les Gardiens de la révolution islamique et le Hezbollah libanais, revendique avoir lancé, depuis novembre, 606 missiles balistiques et drones contre 107 navires en mer Rouge, dans le détroit de Bab el-Mandeb et dans le golfe d'Aden. Et ce, en choisissant toujours leurs victimes sur la base de son certificat de nationalité d'un actionnaire. Selon leurs critères de choix.
Des attaques sur la base de la nationalité de l'actionnaire
« Les navires ont été ciblés en raison de la propriété de la société car l'un des actionnaires détient la citoyenneté israélienne », indiquent clairement les Houthis pour justifier les agressions répétées contre MSC. Ils vont même jusqu'à évoquer des « navires israéliens ».
Depuis novembre, les porte-conteneurs du plus grand transporteur mondial ont été parmi les navires les plus fréquemment ciblés par les militants. MSC a ainsi essuyé au moins 11 attaques dont trois (sans les heurter) durant les dix premiers jours de mai, notamment contre les MSC Diego, MSC Gina et MSC Vittoria, tous enregistrés au Panama.
Rien n'indique dans leur historique un quelconque lien avec Israël, étant de surcroît dans la flotte de MSC depuis un certain temps. Par ailleurs, ils n'ont pas observé d'escale à Haïfa ou dans un port israélien. Le MSC Diego était en provenance d'Oman et le MSC Gina du Sri Lanka.
En revanche, là encore, les attaques ont été de longue portée avec des tirs lancés depuis le Yémen vers l'océan Indien et la mer d'Arabie.
Attaques des derniers jours
Plus récemment, mi-mai, le porte-parole des Houthis, Yahya Saree a revendiqué deux évènements. Outre un navire de guerre américain, le destroyer lance-missiles Arleigh Burke USS Mason –, les États-Unis étant un grand ennemi du mouvement –, le vraquier Destiny a été pris pour cible parce qu'il avait opéré une escale dans le port israélien d'Eilat. « Après avoir tenté de dissimuler cette visite sur sa transmission AIS », osent les rebelles de Sanaa comme s'il s'agissait d'un délit fatal.
La mission européenne Aspides indique de son côté que les forces américaines et européennes ont abattu 13 drones et missiles dans la semaine du 15 mai.
Débats au conseil de sécurité de l'ONU
Lors du dernier débat au Conseil de sécurité, où il a été répété que la sécurité, et donc la cessation des attaques contre les navires transitant par la mer Rouge et le golfe d'Aden, est un préalable à un processus de paix, la Russie a fait entendre une autre voix.
Le représentant du pays de Vladimir Poutine, engagé dans une guerre sur un autre front, estime que les événements au Moyen-Orient font d'une part obstacle à la normalisation de la situation et par ailleurs que les frappes occidentales « totalement injustifiées » sur le territoire souverain du Yémen et la militarisation de ses eaux territoriales compliquent la situation.
Pour rappel, avant que les Houthis ne militarisent la mer, un accord politique permettant de mettre fin à la longue guerre civile qui sévit au Yémen était sur le point d'être conclu... grâce à la « diplomatie et à la négociation », selon les représentants de l'ONU.
Adeline Descamps
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