Ports, raffineries, terminaux méthaniers : nouvelle semaine de mobilisation en perspective

La semaine prochaine aura pour point d’orgue la neuvième journée d’action intersyndicale mais en amont et en aval, les syndicats des ports et docks appellent à renouveler trois journées d’arrêt du travail dont une opération « port mort ». Les terminaux méthaniers sont à l’arrêt jusqu’au 24 mars. Ne se contentant plus de bloquer les expéditions, plusieurs raffineries ont annoncé l’arrêt progressif des raffineries. 

« Déni de démocratie ». « Manque de respect ». Montée d’une « forme de répression contre des militants et syndicaux », dénonce la Fédération nationale Ports et Docks dans un communiqué parvenu aux rédactions le 17 mars en fin de journée. Le champ lexical emprunte à la ritournelle. Elle s’est répétée autant de fois qu’ont été annoncées les huit journées d’actions intersyndicales : « l’amplification de la lutte jusqu’au retrait du projet de réforme des retraites », est-il aligné. Depuis le début de la mobilisation, les dockers et les portuaires défendent un départ non négociable à 60 ans et 55 ans pour les métiers pénibles avec 37,5 ans de cotisations.

L’opposition à la réforme des retraites du gouvernement d’Élisabeth Borne, projet névralgique du deuxième quinquennat du président Emmanuel Macron, s’est transformée en une colère démocratique depuis que l’exécutif a opté pour le tour de force en dégainant l’article 49-3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote, pour ne pas risquer, au scrutin, le rejet par les députés du texte issu des négociations au sein de la commission mixte paritaire.

Alors que les dockers et les portuaires viennent de tenir le siège des ports pendant trois jours cette semaine – un mouvement suivi « très largement » selon leurs déclarations –, un nouvel appel à l’arrêt du travail a été lancé pour les mardi 21, mercredi 22 et jeudi 23 mars dont une opération « port mort » le mercredi 22 mars. Au programme du 21 mars, les grévistes entendent « interpeller les élus de la majorité et de la droite qui portent le projet scélérat » sans préciser quelle forme prend cette interpellation tandis que le jeudi 23 doit être au diapason de la neuvième journée d’action intersyndicale. 

Dans les ports

Le communiqué fait suite aux réunions intersyndicales qui se sont tenues ce 17 mars pour décider de la suite à donner à ce mouvement après une semaine agitée sur plusieurs fronts. Ici et là, les revendications se sont stratifiées et n’avaient pas toutes en référence les retraites. 

À Fos, bassins ouest du port de Marseille, l’opposition contre la réforme des retraites s’est doublée de revendications, avec perturbations du travail, pour la défense de l’emploi face aux inquiétudes engendrées par les mutations énergétiques de la zone industrialo-portuaire. La CGT des ouvriers dockers et des personnels de la manutention portuaire du golfe de Fos craint notamment que les nouveaux projets en lien avec la transition énergétique, tel l'industriel Carbon, qui crée une usine de 60 ha à Fos pour fabriquer des panneaux photovoltaïques, n’échappe à l’emploi local.

Au Havre, les marins et officiers CGT de la société Boluda, dont les huit remorqueurs sont essentiels à la prise en charge des porte-conteneurs, méthaniers, gaziers ou pétroliers en entrée et sortie du port, sont restés ce vendredi 17 mars à quai de 8 à 20 heures

Dans le passager

Á Calais, le trafic des ferries vers la Grande-Bretagne était complètement à l'arrêt vendredi matin en raison du mouvement de ses officiers. En conséquence, il n’y a eu aucun départ ni entrée des ferries des compagnies opérant le Calais-Douvres. Aucun mouvement, a assuré la capitainerie.

Depuis le lundi 13 mars, en Méditerranée, les lignes corses des compagnies opérant la desserte maritime au départ de Marseille sont perturbées en raison d'un mouvement social à l'appel des marins CGT. Après quatre jours de conflit social, non sans impact pour les Corses qui dépendant de l’approvisionnement du continent, la reprise de toutes les liaisons de Corsica Linea et de La Méridionale devait être effective à partir de ce 17 mars.

Un appel à la grève, de 20 h le 17 mars à 8 heures du matin le 18 mars, a également été lancé, par les fédérations des marins (FNSM) et officiers (Fomm) CGT, pour une autre cause : le dumping social, alors que la concurrence s’exacerbe sur le détroit depuis quelques mois et s’exerce dans des conditions d’emploi moins-disant. Une situation difficilement soutenable pour les compagnies opérant sous pavillon français.

Sur le front du pétrole et du gaz 

Á Gonfreville-l'Orcher, dans la Manche, les salariés grévistes de TotalEnergies ont prévu de planter les piquets à partir du 18 mars au matin et évoque « un arrêt de la raffinerie » progressivement à compter de ce week-end, signifiant un durcissement du conflit. Jusqu’à présent, seules les expéditions des carburants sont bloquées mais pas la production, stockée in situ.*

En Loire-Atlantique, à la raffinerie TotalEnergies de Donges, il a été décidé vendredi de prolonger le mouvement – entamé le 7 mars – d’une semaine supplémentaire, soit jusqu’au vendredi 24 mars. « Plus aucune goutte de carburant ne sort », a déclaré le délégué syndical CGT, à la sortie d’une assemblée générale qui a réuni plusieurs dizaines de salariés.

De même, à Fos, le site de Lavéra du groupe Petroineos, filiale du britannique Ineos et de PetroChina, dont le blocage avait été levé le 16 mars, est de nouveau menacé « d'arrêt total » à partir du lundi 20 mars, a annoncé Sébastien Varagnol, délégué CGT à l’AFP. Avant cela, les expéditions de carburant devaient être stoppées dès ce vendredi et pour tout le week-end.

Sur le front du gaz, dont les entrées maritimes sous forme de GNL sont devenues stratégiques pour l’approvisionnement des pays européens depuis la suspension des approvisionnements russes par gazoducs, les quatre terminaux méthaniers de France sont entrés dans leur onzième jour d’action. Les salariés grévistes d'Elengy, filiale de GRTGaz (groupe Engie), qui exploitent les deux terminaux de Fos (Tonkin Cavaou) et de Montoir-de-Bretagne (Nantes) mais aussi ceux de Dunkerque LNG, exploité par la société belge Fluxy –, avaient annoncé la semaine dernière la poursuite du mouvement au moins jusqu’au 21 mars. La mobilisation se poursuit aussi dans les onze sites de stockage de gaz de Storengy, en grève depuis le 7 mars.

Á l’Assemblée nationale

Deux motions de censure déposées ce vendredi contre le gouvernement seront débattues lundi à l’Assemblée nationale. L’une est portée par des députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires et des élus de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et l’autre par le Rassemblement national.

Adeline Descamps

[*Actualisation le dimanche 19 mars] La direction de TotalEnergie a confirmé le dimanche 19 mars qu’une partie de la raffinerie de Gonfreville-l'Orcher est déjà à l’arrêt. Il en est de même à la raffinerie Esso-Exxonmobil de Gravenchon en Seine-Maritime mais là, en raison d’un manque de matières premières, les dockers et les salariés du dépôt du Havre étant en grève, selon les informations de France Info. À Donges, en Loire-Atlantique et à La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, la production est aussi à l'arrêt depuis plusieurs semaines, mais en lien avec des problèmes techniques.
 

Actualité

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15