Certes, les fameux road trains ne représentent qu’une infime partie des camions circulant en Australie, mais leur contribution à l’économie nationale est vitale. Il est donc nécessaire de les conformer, comme les autres véhicules, aux plus sévères contraintes environnementales, bien que leur masse, anormalement élevée, ne les y prédispose pas spécialement.
Fossil free. Mais, ici comme ailleurs, chargeurs et transporteurs ont pris conscience de la nécessité de basculer d’un modèle tout pétrole à un modèle sans pétrole. La société australienne Janus se propose de les y aider en modifiant des tracteurs diesels en tracteurs électriques.
Rétrofit électrique. Techniquement, Janus a fait le choix du stockage de l’électricité par batteries, considérant qu’au prix actuel de l’hydrogène la solution pile à combustible (produisant à bord l’électricité nécessaire) était économiquement irréaliste. Malgré leur poids et leur encombrement, les batteries s’avèrent plus compétitives en termes de coût, de performances et d’adaptation.
Ce dernier point est important car Janus ne fabrique pas à proprement parler de camions, mais transforme des véhicules existants en substituant à leur moteur thermique une chaîne de traction électrique.
Camions américains. Châssis, essieux, suspensions, cabine sont ainsi conservés des modèles d’origine, essentiellement de marques Kenworth, Western Star et Freightliner. Une prédominance américaine qui devrait cependant décroître à l’avenir.
Déjà, un premier Volvo a-t-il été modifié par Janus. Et non des moindres, s’agissant d’un FH 10x6 que Qube Logistics exploite sur un itinéraire de 164 km, entre Port Augusta et la mine de cuivre de Carrapateena.
Échange de batteries. Pour déplacer ce train triple de 170 t, Janus a installé derrière la cabine du FH deux batteries lithium-souffre (Li-S) totalisant 620 kWh. Un type d’accumulateur à haute densité énergétique qui permet, selon la nature de l’exploitation, une autonomie de 200 km à 400 km sur une seule charge.
Une station de recharge a aussi été installée à Port Augusta où le véhicule n’est immobilisé qu’un bref instant puisque Janus propose un système d’échange des batteries permettant une remise en ligne quasi immédiate du tracteur. Les batteries déposées étant rechargées sur site.
Outre un gain de temps, cette procédure a le mérite d’éviter le recours à une station de recharge rapide, onéreuse et susceptible de dégrader les batteries.
Confiant dans l’avenir, les responsables de Janus estiment que les futures générations de batteries Li-S permettront une autonomie de 1 000 km et 1 800 km.
Conversion coûteuse. Quant au coût de la conversion, il oscille entre 150 000 $ et 200 000 $ (AUD), soit de 90 000 € à 120 000 €. Tout de même. Car n’oublions pas que le châssis cabine et les trains roulants ne sont pas inclus dans ce prix…
Ce sujet a été publié dans le magazine France Routes n°504 de mars 2024.
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