Ventes de VI : le gasoil terrasse les camions zéro émission

Les camions circulant aux biocarburants, comme le B100 à condition d'être utilisé exclusivement dans le but de profiter de la vignette Crit'air 1, se vendent de mieux en mieux en France. Ici, un tracteur Scania 460 R exposé au salon Technotrans en octobre dernier.

Crédit photo Nicolas Grumel
La deuxième édition du Panorama de la filière véhicules industriels (VI)/véhicules utilitaires légers (VUL) vient d’être publiée par les organisations Mobilians et FFC Constructeurs. Le bilan des ventes de VI est sans appel : en 2024 comme en 2023, le gasoil représente encore 98 % des ventes et le camion électrique, 1 %. Mais ces chiffres révèlent cependant des surprises.

D’après le baromètre Mobilians/FFC Constructeurs, sur les 27 679 VI immatriculés entre janvier et juin 2024 en France, 247 fonctionnaient exclusivement à l’électricité (véhicules BEV comme battery electric vehicles), 2 à l’hydrogène (véhicules FCEV comme fuel cell electric vehicle) et 25 045 au gasoil.

En France, en 6 mois en 2024, les immatriculations de camions électriques n'atteignent pas la moitié des immatriculations enregistrées en 2023. En revanche, les immatriculations de camions au B100 en 2024 dépasseront celles de 2023.
Crédit photo : Mobilians Datanéo

Les ventes de camions zéro émission restent donc dans la tendance de 2023. Le marché du camion électrique devrait néanmoins croître sur la totalité des douze mois de 2024 par rapport à 2023, car les transporteurs profitent des remises liées à l’appel à projet Véhicule lourd électrique piloté par l’Ademe. Mais ce n’est pas l’explosion attendue, à 6 ans d’une échéance Vecto (2030) qui fait craindre aux constructeurs de camions de lourdes amendes à verser à l’Union européenne.

En parc roulant, le gasoil représente 98 % des véhicules industriels, l'électrique 0,1 %, le gaz 1,7 % et les biodiesels, 0,1 %.
Crédit photo : SDES

Obstacles. « Si le transport léger a amorcé une conversion vers l’électrique, la filière des véhicules lourds rencontre davantage d’obstacles, notamment en termes de coûts et d’infrastructures, est-il noté dans le communiqué de Mobilians. À mi-2024, le constat que l’on peut faire de la transition énergétique est que son rythme vers les énergies nouvelles n’est toujours pas en ligne avec les objectifs ambitieux affichés ».

Un problème de recharge. Dans ce baromètre, les représentants de la filière que sont Mobilians et la FFC Constructeurs apportent des nuances, notant des progrès dans l’offre de véhicules électrique, mais un défaut récurrent de possibilité d’équipement en recharge : « La progression dans la construction d’un cadre d’électromobilité pour les VI passe par des offres constructeurs qui se structurent et s’étoffent, mais l’enjeu majeur tient à la construction de capacité de charge soit au dépôt, soit en itinérance, représentant un impact organisationnel et financier majeur ».

Le moteur thermique n’est pas mort. Cependant, et c’est une surprise, au-delà de l’électricité, des énergies « nouvelles » tirent leur épingle du jeu. Mobilians relève « le poids déterminant du gaz naturel véhicule (GNV), avec la poursuite de la croissance de la production de biogaz naturel compressé (bio-GNC), et des carburants liquides bas carbone (CLBC) que sont les HVO et autres B100 voire e-fuel ; cela confirme que le recours au moteur thermique demeure une voie essentielle dans la course au gain d’énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ».

Conclusion : l’électrification des parcs reste une tendance irréversible. « Nous sommes désormais sur le chemin d’une large électrification du parc qui ne sera pourtant pas exclusive et probablement beaucoup plus lente que pour les véhicules légers, estime Nicolas Lenormant, président de la branche VI de Mobilians. Ce processus reste, nous avons pu le constater cette année, presque totalement dépendant des aides octroyées. En cela, et en ces périodes de tension budgétaire, le mécanisme du guichet de l’ADEME pour aider au financement de la transition du parc devrait permettre de pérenniser les dispositifs. Ce qui est tout à fait appréciable et essentiel à la stabilité de nos activités et nos perspectives d’investissement. Ce sujet principal ne doit toutefois pas éluder les discussions toujours en cours concernant l’avenir des carburants liquides bas carbone, de l’évolution de l’outil Vecto et des architectures Euro 7 qui, ensemble, doivent toujours permettre à l’Europe d’atteindre son objectif de décarbonation totale du transport à l’horizon 2055 ».

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